Cameroun : Camrail, responsable du déraillement du train à Eseka

La société ferroviaire du Cameroun (Camrail) est la principale coupable de l’accident ferroviaire d’Eseka survenu en octobre 2016, selon les conclusions du rapport de la Commission d’enquête créée par le président Paul Biya, quatre jours après l’accident.

Le rapport relève la vitesse excessive du train (qui roulait à 96km/h dans une portion de voie où la vitesse est fortement limitée à 40km/h), et plusieurs anomalies et défaillances imputées à Camrail, notamment «la surcharge du convoi, la rallonge inappropriée de la rame, l’utilisation des voitures de voyageurs dont plusieurs présentaient des organes de freinage défaillants», souligne un communiqué du ministre secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngo Ngoh.

«L’absence de vérification sérieuse de la continuité du freinage de la rame avant le départ du train à la gare de Yaoundé et le refus de la prise en considération par la hiérarchie de Camrail, des réserves émises par le conducteur du train», ont facilité l’hécatombe d’Eseka, indique aussi le texte qui souligne ainsi la responsabilité établie du transporteur dans le déraillement du train.

Le rapport de la Commission d’enquête préconise des sanctions «appropriés» à l’encontre des responsables de Camrail et laissent entrevoir d’éventuelles poursuites judiciaires. En plus, d’après le rapport, le chef de l’Etat a ordonné qu’une somme d’un milliard de FCFA soit reversée à l’ensemble de victimes et ayant droit, à titre d’assistance complémentaire, et l’érection d’une stèle en souvenir des victimes dans la ville d’Eseka où a eu lieu le drame.

Camrail avait signé une convention de concession avec l’Etat du Cameroun en 1995, suivis de deux avenants conclus en 2005 et 2008. Suite à la catastrophe d’Eseka, le gouvernement camerounais entend auditer la convention de concession signée entre la société et l’Etat du Cameroun. En tout cas, Paul Biya souhaiterait que le partenariat entre l’Etat et Camrail soit revu. La société est détenue à 75% par le groupe français Bolloré, l’Etat est actionnaire minoritaire, avec moins de 15% des parts.

Certains observateurs locaux soulignent qu’ils ne sont pas totalement satisfaits du rapport de la présidence qui est resté muet sur le chiffre officiel des morts et des blessés et qui n’a pas donné d’instructions concernant les personnes qui sont jusqu’ici introuvables.