La Mauritanie refoule des militants antiesclavagistes américains et se justifie

Les autorités mauritaniennes ont refoulé vendredi des militants antiesclavagistes américains de Nouakchott, a annoncé samedi, le porte-parole du gouvernement, Mohamed Lemine Ould Cheikh, expliquant que le programme de la délégation américaine était contraire aux lois de son pays.

«Nous avons informé l’ambassade américaine, qui nous a transmis le programme de cette délégation, qu’il ne lui sera pas accordé le visa d’entrée en raison de son programme que nous jugeons contraire aux lois mauritaniennes», a fait part Ould Cheikh.

Le gouvernement reproche aux militants antiesclavagistes américains de n’avoir pas approché les autorités, au préalable, pour une concertation sur leur programme, «comme cela est de coutume». De même qu’il les accuse de n’avoir en vue que des «rencontres avec des parties bien ciblées qui travaillent selon un agenda particulier».

Pour le porte-parole du gouvernement, également ministre de la communication, «le programme de l’esclavage concerne tous les Mauritaniens qui doivent être associés au débat le concernant car nos lois rejettent le communautarisme, l’ethnicisme et œuvrent pour l’unité, la solidité des rapports entre toutes les communautés nationales. C’est pourquoi nous avons refusé de recevoir cette délégation».

Du côté américain, c’est l’étonnement et la consternation qui sont évoquées suite à cette mesure des autorités de la Mauritanie, d’autant plus que, selon l’ambassadeur des Etats-Unis en Mauritanie, Larry Andrew, les militants avaient prévu d’évoquer la question de l’esclavage en priorité avec les autorités du pays.

Tout en saluant «les actions héroïques des Mauritaniens qui continuent à lutter contre les séquelles de l’esclavage et des divisions raciales dans leur pays», l’ambassade américaine précise dans un communiqué, que le voyage des militants antiesclavagistes américains était organisé par l’Institut d’Abolition basé à Chicago et l’ONG des droits civiques Rainbow PUSH.

La délégation qui devait séjourner en Mauritanie du 8 au 15 septembre, avait pour objectif d’en savoir plus sur les efforts déployés par le pays pour éradiquer l’esclavage et ses séquelles, et promouvoir la cohésion raciale. Il était ainsi question de rencontrer les hauts responsables du gouvernement mauritanien et les acteurs de la société civile.

L’esclavage a été officiellement aboli en 1981 en Mauritanie. Mais des ONG continuent à dénoncer des pratiques d’asservissement qui perdurent encore dans le pays.