Amnesty se prononce sur l’impact social des mesures d’austérité au Tchad

L’ONG Amnesty International A publié ce lundi, un rapport dans lequel elle s’intéresse à l’impact social des mesures d’austérité prises par les autorités tchadiennes depuis 2015, pour faire face à la crise économique provoquée par la chute des cours du pétrole.

Intitulé «Budgets en chute, répression en hausse», le rapport s’est appuyé sur les témoignages de 176 personnes, dont des représentants du gouvernement, recueillis à Ndjamena et dans plusieurs autres villes. L’ONG dit avoir visité également 32 établissements de santé dans huit régions.

Dans ses investigations, Amnesty s’est surtout intéressée aux secteurs de la santé et de l’éducation tirant la conclusion que les réductions drastiques des budgets, ont renforcé la précarité parmi les populations les plus vulnérables.

«L’accès aux soins est désormais hors de portée de nombreuses familles», souligne l’ONG, précisant que la diminution de moitié du budget consacré à la santé entre 2013 et 2017 a entraîné des pénuries récurrentes dans les établissements de santé, de médicament et des produits essentiels tels que le paracétamol et les désinfectants.

«L’éducation est la deuxième grande victime des coupes budgétaires. Entre 2014 et 2016, dans le cadre des mesures d’austérité, les autorités tchadiennes ont réduit de 21 % les dépenses dans ce secteur », note le rapport.

La suppression des bourses des étudiants, la hausse des frais d’inscription dans les universités publiques, la réduction de 50 % des primes et indemnités des fonctionnaires sont autant de mesures qui ont contribué, selon l’ONG, à maintenir un faible taux de scolarisation et à avoir des salles de classe sous-équipées. Plusieurs étudiants envisagent d’interrompre même leurs études.

Rappelons que ces mesures d’austérité ont provoqué, dans le pays, une grogne sociale de plus en plus importante de la part des enseignants et des étudiants, voire de la population d’une manière générale. Ces contestations ont été réprimées par le recours des forces de sécurité au gaz lacrymogène et à des arrestations.

« Une crise économique n’est pas une excuse pour porter atteinte aux droits de la population, notamment aux droits à la santé et à l’éducation de milliers de tchadiens », estime Amnesty dans son rapport.