La Tanzanie suscite des inquiétudes aux yeux des bailleurs de fonds internationaux

La Banque Mondiale (BM) a suspendu une aide de 300 millions de dollars en faveur de la Tanzanie et l’Union européenne (UE) serait en train de réévaluer son aide de développement pour ce pays, suite à certaines décisions prises par le gouvernement tanzanien.

La BM qui a annoncé vendredi dernier, avoir accordé un prêt de 300 millions de dollars américains à la Tanzanie pour soutenir son secteur de l’éducation, a fait finalement marche arrière, après une décision des autorités visant à fermer la porte des écoles aux jeunes filles enceintes, estimées à 8.000 par an.

«La Banque mondiale soutient des politiques qui encouragent l’éducation des filles et permettent aux jeunes filles d’étudier dans les écoles jusqu’à leur plein potentiel. Les retombées économiques et sociales des filles qui terminent leurs études sont très élevées dans toutes les sociétés, tant pour les générations actuelles que pour les générations futures », note la Banque dans un communiqué.

Pour sa part, l’UE, principal bailleur de fonds de la Tanzanie, pourrait revoir à la baisse son aide en raison des atteintes aux droits de l’homme. Selon la Haute-Représentante de l’Union, Federica Mogherini, les Etats membres attirent l’attention sur la dégradation du respect des droits humains dans ce pays d’Afrique de l’Est.

Les milieux d’affaires font également la pression. La décision récente du président John Magufuli d’acheter aux paysans la totalité de leur production de noix de cajou (200 000 tonnes, au prix de 1 280 euros la tonne), suite au conflit avec les négociants traditionnels qui voulaient acquérir la marchandise à un prix inférieur, a été qualifié d’anti-libérale.

Si les autorités tanzaniennes estiment prendre de bonnes décisions devant ces différents dossiers, les bailleurs de fonds ont, eux, une autre lecture. L’UE se dit préoccupée par « le rétrécissement de l’espace public par exemple, à travers les nombreuses restrictions sur les activités des organisations de la société civile, des médias et de plusieurs partis politiques. Le respect des droits humains et l’Etat de droit ont été maintes fois fragilisés ».

Le Danemark a aussi suspendu récemment une aide financière, après les propos homophobes du gouverneur de la région de Dar es-Salaam qui avait appelé à dénoncer les homosexuels à la police.