Procès Habré: le Tchad rechigne à coopérer

Les autorités de Ndjamena continuent à refuser l’extradition au Sénégal de deux principaux co-accusés réclamés par un tribunal spécial chargé du procès de l’ancien président tchadien, Hissène Habré, poursuivi pour torture, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, du temps où il était au pouvoir entre 1982 et 1990.

Dernier rebondissement dans cette affaire, les Chambres africaines extraordinaires sont montées au créneau, en fin de semaine dernière, accusant le Tchad d’avoir rejeté la dernière proposition qui lui a été faite de recevoir sur place à Ndjamena, une commission rogatoire pour interroger les deux mis en cause.

Mais pour Ndjamena, ce sont les deux co-accusés qui n’ont pas donné leur accord d’être confrontés au tribunal spécial siégeant à Dakar, un accord indispensable selon les termes de la convention signée et portant sur la mise en place de ce tribunal spécial, a rappelé l’avocat du conseil de l’Etat tchadien, Me Ibrahim Mbengue.

Les deux hommes sont considérés par Dakar comme des complices présumés d’Hissène Habré et sont poursuivis par les Chambres africaines extraordinaires, un tribunal spécial mandaté par l’Union africaine (UA).

Il s’agit de Saleh Younous, premier directeur de la DDS (ancienne police politique de l’ancien président tchadien) et Mahamat Djibrine présenté comme un tortionnaire, tous deux sont poursuivis pour crimes de guerre et actes de torture par le tribunal spécial.

Les magistrats des Chambres africaines déplorent cette une fuite en avant et la violation par le Tchad, de l’accord de coopération judiciaire qu’il avait signé. Ils regrettent aussi, les obstacles dressés devant l’audition des deux présumés complices, ce qui empêche l’enquête préliminaire d’avancer.

Alors que le bras de fer continue entre la juridiction africaine et les autorités de Ndjamena, les familles des victimes et leurs avocats s’interrogent sur les chances d’aboutissement du procès censé leur rendre justice.

Dans la foulée de cette confusion, certains médias commencent à parler de la libération pure et simple de Hissène Habré, et l’un de ses avocats vient de rappeler que le procès n’aura pas lieu le qualifiant de mascarade en clamant l’innocence de son client.