Burkina : Nouveaux rebondissements dans l’assassinat de Sankara

Ouagadougou – L’éviction du pouvoir de Blaise Compaoré semble avoir ouvert le champ libre pour faire toute la lumière sur l’assassinat en 1987, du leader charismatique burkinabè, l’ancien président Thomas Sankara.

Comme on pouvait s’y attendre, le temps n’a pas été longtemps différé, après la chute du régime Compaoré, pour que soit déterré le dossier de l’assassinat du père de la révolution burkinabè.

Première surprise, l’annonce faite par le nouveau président de transition, Michel Kafando, lors de son discours d’investiture, d’ordonner une expertise en vue de l’identification du corps de l’ancien président burkinabè.

Une partie de la classe politique accueille favorablement cette décision courageuse. « Si l’Etat a pris la responsabilité de procéder de la sorte, tout ce que nous pouvons faire, c’est applaudir », s’est exclamé Maître Bénéwendé Stanislas Sankara, président de l’Union pour la renaissance/Mouvement sankariste.

Il a souligné en plus qu’en 2006, les Nations unies avaient fixé un délai de 90 jours à l’Etat Burkinabè pour enquêter sur le sort de Thomas Sankara, mais le régime de Blaise Compaoré n’avait jamais donné suite à la requête de l’ONU.

Certaines associations, sympathisantes de Sankara, vont plus loin. Ne voulant pas se contenter d’une simple expertise de l’échantillon de l’ADN, elles exigent une autopsie en bonne et due forme ainsi qu’une investigation sur les circonstances de l’assassinat de Sankara lors du putsch qui avait porté au pouvoir Blaise Compaoré.

Jusqu’où les autorités de transition burkinabè iront-elles dans leur effort de clarifier cette affaire qui risque d’éclabousser le parrain français. En effet certaines voix n’hésitent pas à demander que soit élucidée la responsabilité de la France dans cette affaire. « Nous allons lancer un appel (…) pour obtenir une enquête parlementaire en France. La précédente demande d’élus issus du Front de Gauche et des Verts avait été ignorée. Mais il serait important de savoir si le gouvernement français était au courant », déclare Bruno Jaffré, un biographe de Sankara. Une affaire à suivre.