Libye : la France reconnaît la présence d’armes lui appartenant dans un arsenal du maréchal Haftar

Le ministère français des armées a confirmé l’origine française des armes antichars saisies aux mains des forces antigouvernementales libyennes loyales au maréchal Khalifa Haftar.

Dans une enquête publiée mardi dernier, le New York Times avait révélé que ces quatre missiles antichars de type Javelin, de fabrication américaine, avaient été achetées par la France aux Etats-Unis avant d’être découverte dans les stocks de l’Armée Nationale Libyenne (ANL) de Haftar, l’homme fort de l’est libyen qui cherche à prendre le contrôle de Tripoli, la capitale libyenne.

Le ministère français des armées nie cependant avoir enfreint l’embargo en vigueur en Libye depuis 2011. Il affirme que ces armes étaient destinées à «l’autoprotection d’un détachement français déployé à des fins de renseignement en matière de contre-terrorisme».

Elles seraient «endommagées et hors d’usage» et auraient été « temporairement stockées dans un dépôt en vue de leur destruction» et il n’aurait jamais été question «ni de vendre, ni de céder, ni de prêter ou de transférer ces munitions à quiconque en Libye», assure le ministère français.

D’un coût de 150.000 euros l’unité, ces missiles ont été saisis fin juin par les forces fidèles au gouvernement d’union nationale (GNA) de Tripoli, soutenu par les Nations unies, dans une base abandonnée par les combattants pro-Haftar dans la ville de Gharian, située à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Tripoli, dont le maréchal Haftar avait fait une base arrière de son armée dans son offensive contre Tripoli.

Selon le New York Times, le département d’Etat américain a conclu que les missiles Javelin «avaient été originellement vendus à la France» en 2010, en se fondant notamment sur «leurs numéros de série».

Les démentis des autorités françaises ne suffisent pas à convaincre, notamment en raison de la proximité de la France avec le maréchal Haftar. Ils ne disent pas par exemple pourquoi ces munitions, stockées dans un pays en guerre, n’ont pas été rapidement détruites.

En dépit de l’embargo de l’ONU en vigueur depuis 2011 en Libye, des livraisons d’armes sont signalées de tous côtés depuis trois mois dans le pays, faisant peser la menace d’une guerre par procuration entre puissances régionales et aggravant l’instabilité dans le pays.

Depuis que le maréchal Haftar a lancé son offensive sur Tripoli le 4 avril dernier, les combats ont causé la mort d’environ 1.000 personnes, dont des centaines de civils et de migrants.