L’ex-président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz inculpé pour corruption

L’ancien chef d’Etat de la Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz, ainsi qu’une dizaine de ses proches collaborateurs ont été inculpés et placés sous contrôle judiciaire ce jeudi 11 mars pour corruption.

Ould Abdel Aziz fait face à plusieurs chefs d’inculpation pour corruption, blanchiment d’argent, enrichissement illicite, dilapidation de biens publics, sur lesquels le juge d’instruction doit enquêter et statuer.

L’ex-président est inquiété par la justice depuis l’irruption des soupçons de corruption et de détournements de fonds publics pendant les années de son règne (2008 à 2019). Une commission d’enquête parlementaire a été mise en place pour faire la lumière sur ces faits présumés, et a transmis son rapport à la justice en août dernier.

La commission s’était penchée sur plusieurs aspects, dont la gestion des revenus pétroliers, la vente de domaines de l’Etat, la liquidation d’une société publique qui assurait l’approvisionnement du pays en denrées alimentaires ou encore les activités d’une société chinoise de pêche.

L’ancien-président avait alors été interrogé pendant une semaine par les services de police chargés des crimes économiques et financiers, en vue de situer sa responsabilité, mais il avait refusé de répondre aux questions des enquêteurs, faisant valoir son immunité d’ancien chef d’Etat que lui confère la Constitution dans son article 93. Après la confiscation de son passeport, il avait été frappé par l’interdiction de quitter Nouakchott.

Mohamed Ould Abdel Aziz a toujours nié les accusations portées contre lui et dénoncé avec ses avocats un «règlement de comptes» et une tentative de ternir sa réputation.

Dans le lot des autres personnes concernées par la procédure en cours figurent l’un de ses gendres, deux anciens Premiers ministres, et plusieurs anciens ministres et hommes d’affaires.

Selon un communiqué du parquet, le procureur n’a pas requis le placement sous mandat de dépôt de l’ancien président et des autres suspects, en raison de la longueur prévisible des investigations.

Toujours d’après le parquet, l’enquête financière menée parallèlement à celle de la police a permis, rien qu’en Mauritanie, d’identifier et de geler ou saisir des sociétés, des immeubles et appartements, des parcs de véhicules, des sommes d’argent évalués sommairement à 96 millions d’euros.