Madagascar : La destitution du président au point mort

La Haute Cour Constitutionnelle (HCC) malgache a abrité mercredi 10 juin, l’audience contradictoire sur la mise en accusation par le Parlement à fin de destituer l’actuel président de la République.

Alors que les avocats du président Hery Rajaonarimampianina ont dénoncé une tentative de «coup d’Etat institutionnel», ceux des députés ont fait état de sept délits anticonstitutionnels contre le chef de l’Etat.

La défense du président insiste sur le fait que la requête des députés est illégale dans la mesure où ils ne sont pas habilités à porter plainte contre le président de la République, d’où le coup d’Etat institutionnel évoqué pour contrecarrer les griefs contre Rajaonarimampianina.

Pour leur part, les cinq avocats des députés, soutenant la déchéance du président, ont étayé, les unes après les autres, les sept violations dont celui-ci serait coupable.

Ils ont évoqué l’inexistence, 12 mois après son investiture à la tête du pays, de la Haute Cour de Justice conformément à la Loi. Hery Rajaonarimampianina est également accusé pour non-respect de la laïcité de l’Etat, du principe de neutralité de l’Etat et du principe de séparation des pouvoirs dans les prises de décisions.

La mainmise totale du parti politique du président sur toutes les administrations publiques dans le pays, la non-promulgation des lois adoptées au sein de l’Assemblée nationale, le non-respect de l’immunité parlementaire, constituent d’autres chefs d’accusation des députés contre le chef de l’Etat.

Les juges constitutionnels ont levé l’audience, sans aucune décision prise. Il revient à la HCC de rejeter ou de cautionner la destitution réclamée du président.

Le Parlement a mis sur table la destitution du président Rajaonarimampianina, accusé de «violation répétée et grave de la Constitution», le 26 mai dernier. Selon des rumeurs, les députés tableraient sur l’actuel président de l’Assemblée nationale, Jean Max Rakotomamonjy, pour remplacer de chef de l’Etat à son poste.

Le mandat de Rajaonarimampianina est remis en cause juste après un peu plus d’une année après son élection. Il a accédé à la magistrature suprême en janvier 2014.