Côte d’Ivoire: Un journaliste incarcéré pour «outrage» au président Ouattara

Joseph Titi Gnanhoua, directeur du quotidien ivoirien «Aujourd’hui», journal proche de l’ex-président Laurent Gbagbo, a été arrêté et transféré à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) pour «outrage au chef de l’Etat», Alassane Ouattara.

Selon une information communiquée jeudi par la rédaction du quotidien et confirmée par le syndicat des journalistes, le journaliste Gnanhoua qui a été convoqué pour une deuxième fois par la gendarmerie, en l’espace de deux jours. Il devrait s’expliquer, demain vendredi, devant un juge, sur un article compromettant le chef de l’Etat et qui faisait la «Une» du quotidien dans son édition du 21 juillet dernier.

Guillaume Gbato, secrétaire général du Syndicat national des professionnels de la presse de Côte d’Ivoire (SYNAPP-CI) parle d’une atteinte à la liberté de la presse. Cette arrestation, a-t-il confié à une agence de presse, « est une atteinte grave à la liberté de la presse et nous exigeons sa libération immédiate et sans condition».

Le SYNAPP-CI n’a pas manqué, par ailleurs, d’associer cette incarcération avec la ligne éditoriale du journal, en fustigeant que le «pouvoir veut instaurer dans les médias proches de l’opposition une atmosphère de terreur et d’intimidation, à quelques mois des élections».

Le secrétaire général SYNAPP-CI, a tenu à rappeler qu’en principe les «délits de presse sont dépénalisés» dans son pays, et ce depuis 2004. Il a donc dénoncé une «détention abusive» du journaliste incriminé.

Pour rappel, au début de juin dernier, les éditeurs de journaux ivoiriens étaient invités par le Groupement des éditeurs de presse de Côte d’Ivoire (GEPCI) à signer une charte de bonne conduite «pour des élections apaisées» prévues en octobre prochain.

Le secrétaire général du GEPCI, Eugène Kadet avait assuré que l’ensemble des éditeurs de presse s’étaient engagés à signer cette charte et que, désormais, toute tension qui pourrait être observée sur le terrain politique ne proviendrait pas des médias.

Vraisemblablement, à deux mois du scrutin présidentiel, média et pouvoir ont encore des efforts à fournir pour garantir véritablement des élections apaisées tant attendues.