Guinée-Bissau : L’opposition tente de confisquer la présidence du Parlement

Les députés du Parti pour la rénovation sociale (PRS), première formation politique de l’opposition en Guinée-Bissau, ont élu leur patron, Alberto Nambeia, président de l’Assemblée nationale populaire (ANP), en connivence avec certains députés frondeurs du parti au pouvoir, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) qui a jugé cette élection non légale.

L’affaire remonte à lundi 18 janvier dernier lorsqu’une séance à l’ANP, destinée à apprécier le programme du Premier ministre, Carlos Correia, s’est terminée de manière inattendue. Quinze députés du PAIGC ont décidé de mener la fronde, refusant de soutenir le programme de Correia.

Après des échanges houleux, le président de l’ANP, Cipriano Cassama, a suspendu la séance et quitté l’hémicycle, considérant que les conditions n’étaient plus réunies pour continuer les travaux.

Mais les membres du groupe parlementaire du PRS ont tenu à poursuivre la séance, accusant Cassama de ne pas vouloir travailler. C’est ainsi qu’ils se sont joints aux frondeurs du PAIGC pour constituer une nouvelle majorité de 56 députés au total sur 102 que compte le Parlement, avec à l’affiche la création d’un bureau parallèle de l’Assemblée nationale et l’élection du leader du PRS à la tête de cette institution. Nambeia était un des vice-présidents de l’ANP.

Le gouvernement, de son côté, ne reconnait pas cette nouvelle majorité, d’autant plus que le PAIGC avait obtenu du bureau de l’ANP la levée du mandat des 15 frondeurs.

Dans ce cafouillage, le chef de la police a été limogé pour ne pas avoir respecté l’ordre qui lui avait été donné de ne pas «laisser entrer dans l’hémicycle» ces députés frondeurs. En effet, les députés incriminés étaient exclus du PAIGC depuis le 14 janvier pour la même raison de s’être abstenus de soutenir la politique du premier ministre.

Carlos Correia qui n’a pas pu faire valider son programme est désormais sur une chaise éjectable, car, selon la Constitution, son gouvernement serait contraint de démissionner en cas de second échec.

D’aucuns craignent une nouvelle crise après celle qui a succédé, en août 2015, au limogeage du Premier ministre Domingos Simoes Pereira par le président José Mario Vaz.