La justice burundaise ordonne la saisie des biens d’opposants en exil

La justice au Burundi a ordonné, mercredi 15 mai, « la saisie des biens meubles et immeubles se trouvant sur le territoire » appartenant à une trentaine de personnalités, que sont des opposants et des journalistes de médias indépendants en exil, ainsi que de neuf militaires condamnés à la perpétuité pour leur implication dans la tentative de putsch de mai 2015 contre le président Pierre Nkurunziza.

Ces biens seront « exploités par l’Etat », précise une déclaration conjointe signée par le président de la Cour suprême et le procureur général de la République qui ont donné l’ordre de la saisie,

Les leaders de partis d’opposition et les figures de la société civile qui avaient osé s’opposer à la volonté de Nkurunziza de se présenter à un troisième mandat, en 2015, verront ainsi leur patrimoine s’échapper de leur contrôle. Eux également sont accusés de complicité dans la tentative du putsch et font l’objet de mandats d’arrêt internationaux.

La décision de la justice a provoqué plusieurs réactions parmi les personnes visées. Il s’agit d’une mesure qui « ridiculise encore une fois la justice burundaise », a déclaré l’une d’elles, tandis qu’une autre s’est exprimée en ces termes : « nous avons déjà dû nous exiler, qu’est-ce que la saisie du peu de biens qui nous restent au Burundi peut faire de plus ? ».

A un an des élections générales dans le pays, d’aucuns estiment que la démarche de Bujumbura a « une logique électorale ». Ils pensent que les autorités se préparent déjà à faire la pression sur l’opposition pour la museler.

Parmi les personnalités incriminées par la justice figurent Bernard Busokoza, un ancien vice-président de la république, Jean Minani, un des leaders du Cnared (plateforme des opposants en exil), et Alexis Sinduhije, leader du Mouvement pour la solidarité et la démocratie (MSD).

Pour rappel, les violences et la répression pendant les manifestations contre un troisième mandat du chef de l’Etat avaient fait au moins 1 200 morts, entre avril 2015 et mai 2017, selon les estimations de la Cour pénale internationale (CPI).