L’ONU critiquée dans le dossier d’abus sexuels commis par des casques bleus

L’ex-juge de la Cour suprême canadienne, Marie Deschamps, et des associations ont dénoncé mercredi l’immobilisme des Nations unis face aux révélations sur des abus sexuels perpétrés par des Casques bleus français et africains en Centrafrique.

Tout en reconnaissant les discussions en cours au sein de l’ONU concernant la création d’un fonds pour les victimes ou l’instauration des cours martiales, Deschamps estime que le dossier d’abus sexuels n’avance pas. «On ne voit pas de développements concrets, pas de pression qui est mise, il n’y a rien qui se passe», a fait savoir Deschamps lors d’une conférence de presse à New York, aux côtés de responsables de la campagne Code Blue qui lutte contre l’impunité de ce type de crimes.

L’ancienne juge était déjà à l’origine d’un rapport, en décembre 2015, qui condamnait «l’échec flagrant» de l’ONU devant les accusations d’abus sexuels en Centrafrique. Elle a rappelé ce mercredi les recommandations formulées dans son rapport.

Les cas d’abus sexuels commis dans le cadre des missions de maintien de la paix augmentent chaque année. Le personnel de maintien de la paix de l’ONU serait impliqué dans près de 2.000 cas de crimes sexuels présumés à travers le monde.

En 2015, l’ONU a recensé 69 cas d’abus sexuels qui auraient été commis par ses Casques bleus, dans 21 pays dont la République centrafricaine (RCA) et la République démocratique du Congo (RDC) qui ont battu le record avec respectivement 22 et 16 cas. En 2014, les cas d’abus sexuels s’étaient élevés à 52 cas.

Pour l’instant, les pays fournisseurs de Casques bleus sont seuls habilités à sanctionner les coupables. Mais ces pays sont accusés de ne montrer aucun empressement dans ce sens. Peu d’enquêtes sont entamées et aboutissent à des peines de prison. La réputation des Casques bleus a été ternie depuis que ces scandales de viols et autres exactions sont publiquement dénoncés.

Au niveau de l’ONU, la recommandation a été faite de créer des cours martiales in situ pour juger les coupables et de prendre les empreintes génétiques des Casques bleus. L’organisation internationale a aussi créé en mars un fonds pour aider les victimes des abus sexuels. La Norvège aurait versé le premier un montant de 125.000 dollars.

Le nouveau secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a promis de faire des victimes d’abus sexuels une priorité.