Soudan : HRW demande qu’Omar el-Béchir soit jugé pour ses violations des droits humains

L’ex-président soudanais, Omar el-Béchir, qui était jugé pour détournement de fonds perçus de l’Arabie saoudite, a été condamné, samedi 14 décembre, à deux ans de prison.

Le président déchu sera placé dans un centre correctionnel pour personnes âgées, la loi soudanaise interdisant que les personnes de plus de 70 ans soient détenues en prison.

Réagissant à ce verdict, la directrice adjointe de la division Afrique de Human Rights Watch (HRW), Jehanne Henry a estimé que cette condamnation ne répond pas aux attentes des victimes des crimes commis par l’ancien dirigeant sous le mandat d’el Béchir.

« C’est bien de voir qu’il y a une procédure judiciaire mais les accusations contre lui n’ont rien à voir avec les crimes de masse dont il est responsable et qui ont été commis au Darfour et dans le reste du Soudan. Donc les victimes d’attaques brutales tout au long de ces années, ne vont pas être réconfortées par ce verdict», a-t-elle martelé.

A son avis, el-Béchir, doit être « jugé pour les crimes dont il est responsable dans les zones de guerre du Soudan, que ce soit au Darfour ou ailleurs ».

Henry pense que la condamnation à deux ans de prison « ne prend pas en compte tout cela », avant de s’interroger «si cette décision signifie qu’il y aura des procès pour violations des droits humains dont il est responsable».

L’ex-président soudanais, destitué en avril par l’armée sous la pression de la rue, après 30 ans de pouvoir, fait face à la justice depuis le mois d’août. Ce samedi, un tribunal spécial de Khartoum l’a déclaré coupable de «corruption» et de «possession de devises étrangères».

La défense d’Omar el-Béchir a dénoncé un «procès politique». Un de ses avocats a informé que l’ancien président fera appel «devant la cour d’appel et devant la haute cour», affirmant toutefois ne «pas avoir confiance dans le système judiciaire soudanais».

Certains analystes pensent que la condamnation d’el Béchir est une simple mise à l’écart de sa personne, pour éviter qu’il soit transmis à la CPI et dévoile, éventuellement, des vérités qui toucheraient des militaires au pouvoir.