Les conclusions à tirer du dialogue politique béninois

Le dialogue politique voulu par le président béninois, Patrice Talon s’étant achevé samedi dernier à Cotonou, si pour les initiateurs, ce fut des échanges fructueux pour le Bénin, nombre d’acteurs politiques y voient plutôt des échanges «stériles», puisque n’ayant abouti à «rien de concret».

L’un des objectifs phares de ce dialogue était d’aplanir les tensions nées des dernières élections législatives dont l’opposition avait été exclue, sur la base d’une nouvelle charte des partis politiques.

A l’issue des échanges qui ont duré trois jours et réuni le pouvoir avec neuf partis politiques, dont une majorité proches de la mouvance présidentielle, l’une des principales recommandations finales est «l’amendement de la charte des partis politiques et du code électoral, dans l’optique de favoriser la participation de tous les partis politiques au processus électoral» de 2020.

Les réformes politiques adoptées par l’administration Talon depuis son élection en 2016 ont notamment durci les conditions d’enregistrement légal des partis. C’est ce qui a mené à l’exclusion de l’opposition du scrutin du 28 avril, débouchant sur des manifestations populaires lourdement réprimées ayant fait une dizaine de morts par balle.

Mais M. Talon estime que ces «recommandations ne remettent pas en cause la nécessité de réformer le système partisan (…) Il n’y a pas à s’émouvoir des incompréhensions et des divergences de vues enregistrées. Il en va ainsi des réformes».

Il s’est contenté de promettre que les propositions d’amendement des textes «feront l’objet d’une appréciation attentionnée de la part de mon gouvernement».

Parallèlement à ce dialogue, et en signe de protestation, l’opposition béninoise avait organisé un «contre-dialogue» baptisé «les assises de la résistance», dans la capitale économique, sous la houlette de l’ancien chef d’Etat, Nicéphore Soglo.

Cette opposition dit s’être rendue compte que le dialogue «franc et direct» annoncé par le président Talon n’en est pas un, puisque «toute la classe politique n’a pas été invitée, et les sujets ont été imposés».

Elle en déduit donc que «le gouvernement est toujours dans sa logique d’exclusion et continue l’enlisement, au lieu de chercher une porte de sortie».