Gambie : Libération sous caution du chef de l’opposition

La justice gambienne a ordonné, ce lundi 5 novembre, la libération provisoire et sous caution du chef du principal parti d’opposition, Ousainou Darboe, et de 18 co-prévenus, trois jours après l’annonce de la victoire du candidat de l’opposition au scrutin présidentiel.

Ils étaient tous arrêtés en avril pour participation à une manifestation contre la mort en détention d’un opposant, et condamnés en juillet à trois ans de prison ferme.

«Cette décision de justice est une preuve du processus démocratique qui a commencé» en Gambie, a affirmé Me Atoumane Gaye, un avocat de la défense qui parle d’une ère nouvelle d’indépendance de la justice.

Ousainou Darboe, leader du Parti démocrate unifié (UDP) et opposant historique du président  Yahya Jammeh, a déclaré, après sa libération provisoire, suivre l’exemple de Nelson Mandela, en le citant. «J’ai beaucoup médité en prison. Je me suis demandé comment sortir notre pays de cette situation horrible sans provoquer de troubles. Je peux vous le dire, Nelson Mandela a toujours été un modèle pour moi.»

Cet avocat engagé dans la défense des droits de l’homme se dit n’éprouver aucune rancune envers Jammeh et qu’il le respecterait en tant que président qui a apporté sa pierre à la construction de la Gambie.

Quelques observateurs voient en cette décision de la justice la deuxième victoire de l’opposition, après la défaite inattendue de Jammeh, à l’élection présidentielle, qui a passé 22 ans à la tête du pays.

Les organisations de défense des droits de l’homme, notamment Amnesty International et Human Rights Watch (HRW), ont salué la libération de Darboe. Pour HRW, il s’agit d’un premier pas important pour montrer un plus grand respect de l’Etat de droit et mettre fin au piétinement des droits de l’opposition politique.»

Amnesty qui a évoqué un «grand moment» pour les accusés et leurs familles, a interpellé sur la nécessité de ne pas oublier «les autres prisonniers d’opinion qui croupissent encore en prison uniquement pour avoir exprimé leur opinion ou participé à des manifestations pacifiques.»