Des chefs traditionnels remerciés au Tchad

Le ministre tchadien de l’Administration du territoire, de la Sécurité publique et de la Gouvernance locale, Mahamat Abali Salah, a publié deux arrêtés, jeudi 30 mai, concernant la suspension de plusieurs dignitaires traditionnels de leurs fonctions.

Le premier arrêté a mis fin aux fonctions de certains chefs traditionnels de l’est du pays. Le second a suspendu le Sultan du Dar Ouaddaï de son poste.

Ces dignitaires auraient fait preuve de manquement grave et de laxisme lors de récents affrontements intercommunautaires meurtriers qui ont causé, dans leur localité, la mort d’une quarantaine de personnes (une cinquantaine pour les ONG de défense de droits de l’Homme).

Le ministre a reproché un « laxisme avéré et (une) complaisance à outrance dans la gestion des affaires du sultanat, laissant ainsi s’instaurer un désordre total engendrant une confrontation meurtrière entre communautés ». Il a évoqué une « incapacité d’encadrement administratif de leurs administrés ».

« Nous avons commencé par les autorités traditionnelles parce que ce sont elles qui sont chargées d’animer, d’encadrer et d’orienter la population.  Nous nous sommes rendu compte que les soi-disant chefs sont très loin de leurs populations et contribuent très peu pour régler les conflits. Et nous, en tant qu’Etat, nous avons mis en place les autorités traditionnelles, c’est pour un travail, pour un résultat », a également expliqué ce responsable gouvernemental.

Les conflits ont opposé précisément des éleveurs nomades à des agriculteurs dans les provinces du Ouaddaï et de Sila (est du pays) où se trouvent le sultanat du Ouaddaï, ainsi que les sous-préfectures nomades d’Abougoudam, de Marfa, de Chokoyan et d’Abdi, fiefs des chefs traditionnels mis en cause.

Mahamat Abali Salah a indiqué que des responsabilités sont aussi en train d’être situées du côté de l’administration et au niveau du dispositif sécuritaire de la région concernée. « Nous sommes en train de voir aussi au côté de l’administration et des forces de sécurité, chacun doit s’assumer. Nous sommes là en tant que ministère avec tous les démembrements sécuritaires ou administratifs, c’est pour veiller sur le bien de la population », a-t-il affirmé.

Le ministre avait déjà mis en garde, il y a quelques jours, les chefferies traditionnelles, en lien avec la gestion des conflits qui prennent des proportions aggravantes.