La libération de trois sanguinaires en Gambie crée la polémique

L’annonce, ce lundi en Gambie, de la libération de trois sanguinaires, anciens soldats des escadrons de la mort de l’ex-président Yahya Jammeh, ayant avoué avoir participé à l’assassinat et à la torture d’une cinquantaine de personnes, n’a pas laissé indifférentes les familles des victimes qui se disent très choquées.

Les soldats Malick Jatta, Omar Jallow et Amadou Badjie étaient en détention depuis leur arrestation par la police militaire en 2017, accusés d’assassinats. Ils ont comparu devant la Commission vérité, réconciliation et réparation (TRRC) le mois dernier, et ont avoué leur participation à l’assassinat de plusieurs personnes.

Le ministre de la Justice, Abubacarr Tambadou, a demandé à l’armée de libérer ces trois anciens «Junglers» en raison de leur coopération avec la TRRC, rappelant devant la presse, que la TRRC n’est pas un tribunal.

«Elle est chargée de faire la lumière sur les crimes commis pendant les 22 ans du règne de Yahya Jammeh (1994-2017) et son mandat se limite à «identifier les personnes qui portent la responsabilité des violations des droits de l’homme», a expliqué le ministre gambien.

«Ce que nous devons absolument éviter, c’est de décourager les gens de venir dire la vérité» et qu’il n’y avait aucune raison de maintenir en détention les trois «junglers» si aucune poursuite judiciaire n’est engagée à leur encontre, a-t-il martelé, assurant qu’il ne s’agit pas d’une amnistie.

De leur côté, les familles des victimes ne concevant que des meurtriers soient remis en liberté après avoir reconnu leurs crimes et qualifient cette décision de trahison de la part des autorités.

«S’ils fuient la Gambie, non seulement ils échapperont à la justice, mais nous perdrons également des témoins clés lors d’un éventuel futur procès de Yahya Jammeh pour avoir ordonné ces crimes horribles», a alerté le conseiller juridique de Human Rights Watch, Reed Brody.

Le régime de Jammeh était régulièrement accusé par les défenseurs des droits de l’Homme, de tortures systématiques d’opposants et de journalistes, d’exécutions extrajudiciaires, de détentions arbitraires, de disparitions forcées et de viols.

L’ancien chef d’Etat vit en exil en Guinée équatoriale depuis janvier 2017, après avoir essuyé une défaite à la dernière présidentielle en Gambie.