Tunisie: Le président Saïed élargit un peu plus ses pouvoirs

Le chef d’Etat tunisien, Kaïs Saïed a pris mercredi de nouvelles dispositions exceptionnelles qui renforcent un peu plus ses pouvoirs au détriment du Parlement et du gouvernement, pourtant, deux jours plus tôt, il avait promis de nommer un nouveau chef du gouvernement.

A travers une série de décrets publiés dans le Journal officiel, le Chef de l’Etat tunisien, qui s’est arrogé les pleins pouvoirs depuis près de deux mois, après avoir limogé le gouvernement et suspendu les activités du Parlement, s’est livré à une démonstration de force tendant à concentrer davantage les pouvoirs entre les mains de la présidence de la République.

Un article stipule que « les textes à caractère législatif seront promulgués sous forme de décrets signés par le président de la République ». Un autre indique que « le président exerce le pouvoir exécutif avec l’aide d’un Conseil des ministres présidé par un chef du gouvernement».

Par ailleurs, le président tunisien a décidé de maintenir le gel des travaux du Parlement ainsi que la levée de l’immunité des députés et le gel de leurs salaires, tout en ajoutant la perte d’autres privilèges qui revenaient de droit à ces élus.

La présidence va « continuer de suspendre toutes les compétences de la Chambre des représentants, de lever l’immunité parlementaire de tous ses membres et de mettre fin aux privilèges accordés au président de la Chambre des représentants et ses membres », souligne un décret.

Au sein de la classe politique et de la société civile qui attendaient plutôt une feuille de route de la part du chef de l’Etat pour remettre en marche les institutions, c’est l’incompréhension et la confusion qui règnent toujours face aux initiatives du chef de l’Etat.

Le parti islamiste Ennahdha, première force du Parlement, a dénoncé les nouvelles mesures qui, selon lui, dénotent un certain abandon de la Constitution de 2014.

En tout cas, le président Saïed avait déjà évoqué, le 12 septembre dernier, la question d’une réforme de cette Constitution qu’il considère comme un texte hybride instable entre régime parlementaire et régime présidentiel.