Cameroun : le président Biya annule les poursuites contre des détenus anglophones

Le président camerounais Paul Biya a décidé de surseoir à des poursuites engagées contre 289 personnes détenues dans le cadre de la crise anglophone, a annoncé jeudi la présidence dans un communiqué lu à la radio d’Etat.

«J’ai décidé ce jour de l’arrêt des poursuites pendantes devant les tribunaux militaires contre 289 personnes arrêtées, pour des délits commis dans le cadre de la crise dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest», a souligné le chef de l’Etat dans un tweet.

Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence et signataire du communiqué, a expliqué que cette décision du président, qui intervenant après la création d’un Comité national de désarmement, de démobilisation et de réintégration (CNDDR), « procède de sa volonté de permettre à (…) nos jeunes compatriotes de ces deux régions de renoncer à la violence et de revenir dans le droit chemin ».

« Le chef de l’Etat réaffirme sa détermination à poursuivre sans relâche ses efforts dans la recherche des voies et moyens d’une résolution pacifique de la crise », a poursuivi Ngoh Ngoh.

Cette main tendue par Yaoundé aux groupes sécessionnistes a été largement saluée et commentée sur les réseaux sociaux. Mais les identités des bénéficiaires de la mesure présidentielle n’ont pas été révélées.

La crise anglophone a débuté en 2016. Fin 2017, la crise s’est transformée en conflit armé entre les forces de l’ordre et des séparatistes des deux régions anglophones (Nord-ouest et Sud-ouest). Le bilan s’élève à quelques 200 membres des forces de défense et plus de 500 civils tués.

Les séparatistes reprochent au pouvoir central de Yaoundé de marginaliser les anglophones du pays et avaient pris l’initiative unilatérale de proclamer symboliquement leur « République d’Ambazonie ».

Le président autoproclamé d’«Ambazonie», Julius Sisiku Ayuk Tabe, accusé de «terrorisme» et de «sécession» a comparu il y a quelques jours devant le tribunal militaire de Yaoundé.

Le procès a été renvoyé au 10 janvier. L’on ignore si ce leader fait partie des personnes ayant bénéficié de l’initiative du chef de l’Etat.