Burkina : Vers la nationalisation des sociétés privatisées illégalement

Le gouvernement de transition au Burkina Faso a annoncé son intention de récupérer toutes les entreprises qui ont été privatisées de façon illégale sous le régime du président déchu, Blaise Compaoré.

«Nous allons engager des procédures conformément aux textes de loi du Burkina Faso et conformément aux standards internationaux, pour récupérer ces sociétés», a indiqué le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, René Bagoro.

Le gouvernement, a-t-il expliqué lors d’un point de presse mercredi, entend s’employer à l’analyse des processus de privatisation qui ont été utilisés afin d’«appréhender leur régularité juridique et leur opportunité politique».

Selon les résultats de ce travail d’investigation, les autorités remettront les sociétés dont l’acquisition révélerait des irrégularités, sous la gestion de l’Etat.

Des informations concordantes, a révélé Bagoro, laissent planer sur certaines sociétés, les soupçons du non respect de la loi dans le processus de leur privatisation.

Une cinquantaine de sociétés avaient été privatisées dans le cadre du Plan d’ajustement structurel lancé en 1991, dont la Société de construction et de gestion immobilière du Burkina (Socogib) cédée à Alizèta Ouédraogo, la belle-mère du frère cadet de Blaise Compaoré.

Selon les indiscrétions, cette acquisition a fait d’Alizèta Ouédraogo, la femme la plus riche du Burkina Faso.

Le Premier ministre Isaac Zida a annoncé le 13 décembre dernier, la nationalisation de cette société immobilière qui est jusqu’à aujourd’hui mise sous scellée pour les besoins d’enquête.

Pour les autorités de transition, toutes ces opérations ont pour objectif de corriger des injustices qui auraient été commises sous l’ancien régime et de restituer à l’Etat ce qui lui revient de droit.

Dans son discours d’investiture, le président intérimaire, Michel Kafando, avait dénoncé les «richesses inexpliquées», de certains hommes forts du régime déchu et promis l’ouverture des dossiers des crimes économiques en cas de nécessité.