L’ONU soupçonne des mercenaires russes d’avoir commis de graves abus en Centrafrique

Un groupe d’experts indépendants de l’Organisation des Nations Unies (ONU) a dénoncé, ce mercredi dans un communiqué, de possibles «violations des droits humains» par des mercenaires russes agissant le pour le compte de sociétés de sécurité privées en Centrafrique.

Ce groupe de travail, qui enquête dans le cadre des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, accuse également la Mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca) de taire les exactions dont elle est témoin.

Dans leur communiqué, les experts affirment avoir «reçu, et continuent de recevoir, des rapports faisant état de graves violations des droits de l’Homme et du droit humanitaire international, imputables aux militaires privés opérant conjointement avec les forces armées centrafricaines (FACA) et, dans certains cas, avec les forces de maintien de la paix des Nations unies».

Le groupe de l’ONU dénonce également le recours accru des autorités centrafricaines de Bangui à des sociétés de sécurité privées, et s’interroge avec quel «statut» et sur quelle «base légale» ces  entreprises et acteurs paramilitaires opèrent dans ce pays.

Les experts disent avoir «identifié trois acteurs qui participent occasionnellement aux hostilités et offrent leurs services», notamment Sewa Security Services et Wagner, des sociétés de sécurité privées russes, ainsi que Lobaye Invest SARLU, une entreprise de prospection minière russe, immatriculée en Centrafrique depuis 2017.

« Nous avons pu établir une connexion entre ces trois entreprises et leur implication dans une série d’attaques violentes survenues depuis les élections présidentielles du 27 décembre 2020 », souligne Jelena Aparac, présidente rapporteuse du groupe d’experts.

Parmi les graves violations imputables aux mercenaires russes, les experts citent les exécutions sommaires massives, les détentions arbitraires, la torture pendant les interrogatoires, les disparitions forcées, les déplacements forcés de population civile ou encore les attaques croissantes contre les acteurs humanitaires.

Ces révélations, basées sur «une enquête poussée», devraient mettre à mal les autorités russes qui soutiennent toujours avoir envoyé en Centrafrique des «instructeurs», en majorité des anciens officiers de l’armée russe, qui ne prennent pas part aux combats.

La Centrafrique fait face à la Coalition (rebelle) des patriotes pour le changement (CPC), formée en décembre dernier par six grands groupes armés, avec comme objectif de marcher sur Bangui et faire tomber le régime du président Faustin-Archange Touadéra qui avait été investi ce 30 mars pour un second mandat.