Washington menace de sanctionner l’Afrique de l’est pour son embargo sur les fripes

La pression des Etats-Unis sur le Rwanda, l’Ouganda et la Tanzanie ne baisse pas tant que ces pays maintiennent leurs barrières douanières sévères sur les importations de vêtements d’occasion du pays de l’oncle Sam.

Par la voix de Harry Sullivan, directeur par intérim pour les affaires économiques et régionales du Bureau des affaires africaines, Washington a tenu à attirer une nouvelle fois, l’attention de ces trois pays est-africains sur les conséquences de leur décision de limiter les importations des vêtements d’occasion sur leurs territoires.

Sullivan animait un point de presse sur le bilan de l’Agoa (African Growth Opportunity Act ou Pacte Africain pour la Croissance et les Opportunités) en 2017. C’est cet outil que les Etats-Unis utilisent pour contraindre les trois les pays concernés à revoir leurs restrictions.

Pour les opérateurs économiques américains du secteur des textiles de seconde main, il n’est pas concevable que les trois pays conservent leurs avantages liés à l’AGOA alors qu’ils protègent leurs marchés.

Ces marchands de fripes ont porté plainte et gagné l’administration américaine à leur cause.

L’Agoa vise la promotion du commerce et de l’investissement en Afrique subsaharienne. Il permet à près de 6.000 lignes de produits africains d’entrer sur le marché des Etats-Unis sans droits de douane.

Kigali, Kampala et Dodoma ont augmenté les taxes douanières sur les fripes en provenance des Etats-Unis il y a environ deux ans, réduisant du coup leurs importations. Le souci de ces capitales était de promouvoir davantage l’industrie textile locale, et répondre, en partie,au problème de chômage.

Après ces restrictions, les exportations américaines de produits textiles vers ces pays ont chuté. Concernant le Rwanda, les chiffres sont passés de 420 000 dollars en 2015 à 130 000 dollars en 2017, alors que les exportations rwandaises vers les Etats-Unis, dans le cadre de l’Agoa, ont augmenté de 435 000 à 2,16 millions de dollars durant la même période.

Une réunion, la deuxième, est prévue à la fin de ce mois entre les deux parties autour de la question. « Le résultat de cette réunion déterminera comment nous procédons », a fait savoir Harry Sullivan. Le président rwandais, Paul Kagame, avait déclaré en juin 2017 que le Rwanda a droit à développer son industrie textile, « même si c’est au détriment de notre participation à l’Agoa ».