Algérie : L’appel de l’armée pour une destitution du président Bouteflika n’apaise pas tant

Alors que les Algériens sont mobilisés depuis le 22 février dernier contre le système au pouvoir, le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah a demandé, mardi 26 mars, l’application de l’article 102 de la Constitution qui prévoit l’organisation d’élections dans un délai maximum de quatre mois et demi après le constat par le Parlement de l’impossibilité totale pour le président de gouverner.

«Afin de préserver notre pays face à une situation dont on ne mesure pas les conséquences, il devient nécessaire, voire impératif d’adopter une solution pour sortir de la crise. Une solution qui s’inscrit exclusivement dans le cadre constitutionnel et qui constitue l’unique garantie pour la préservation d’une situation politique stable», a expliqué le général Gaïd.

Abdelaziz Bouteflika, (82 ans) au pouvoir depuis 1999, est affaibli par les séquelles d’un AVC dont il a été victime en 2013. Son désir de briguer un cinquième mandat a provoqué la colère de la population qui réclame depuis son départ immédiat. Son renoncement à une nouvelle mandature n’a pas calmé la tension.

Si l’appel du général Gaïd, une des personnalités les plus puissantes du pouvoir, pouvait être perçue comme un tournant décisif dans le mouvement de protestation populaire, il n’a pas été accueilli avec empressement par certains acteurs de l’opposition et de la société civile qui ont dénoncé une manière de calmer tout simplement la rue, dans la mesure où le système qui a régné jusqu’ici reste au pouvoir.

D’ailleurs l’annonce de la proposition de destitution de Bouteflika par le plus haut gradé de l’armée au lieu et à la place d’un dirigeant civil (président du parlement ou du Conseil constitutionnel) en dit long sur les véritables détenteurs du pouvoir dans ce pays et suscite moult interrogations et inquiétudes parmi  la société civile et les observateurs algériens et étrangers.

C’est dans ce cotexte et comme le rappelle le Front des Forces socialistes (FFS) que se situe la revendication populaire d’un changement de tout le «système et de ses hommes, et pas seulement du chef de l’Etat» Abdelaziz Bouteflika.