Burundi : Des manifestants brûlent du matériel électoral

Des manifestants burundais opposés à un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza ont brûlé du matériel électoral destiné aux scrutins législatifs et communaux de début juin 2015, ont affirmé vendredi des témoins et la Commission électorale burundaise (Céni).

Deux incidents séparés, les premiers de ce genre depuis fin avril où ont débuté les manifestations d’opposition au président, ont été enregistrés, tous les deux dans la province de Bujumbura rural, qui jouxte la capitale Bujumbura au sud.

Selon le porte-parole de la Céni, Prosper Ntahorwamiye, le premier est survenu dans la commune de Mukike. «Les manifestants ont arrêté une voiture qui acheminait des isoloirs et des urnes destinés à la commune de Kanyosha de Bujumbura rural lorsque la foule s’en est pris à ce véhicule», a expliqué le porte-parole.

Deux soldats qui accompagnaient le personnel de la Céni ont alors tiré en l’air pour tenter de les disperser, en vain, a-t-il poursuivi. «Tout le matériel a été brûlé», a ajouté le porte-parole, précisant que personne n’avait été blessé. Le deuxième incident est survenu dans la commune d’Ijenda, à quelque 35 km au sud-est de Bujumbura.

Selon des témoins, plusieurs centaines de manifestants s’en sont pris au dépôt dans lequel la Céni avait entreposé des isoloirs et des urnes. Ils ont sorti le matériel avant d’y mettre le feu. Le porte-parole de la Commission électorale a confirmé que tout avait « été brûlé ». La Céni a commencé à acheminer du matériel électoral en vue des élections législatives et communales du 5 juin. Le « matériel sensible », comme les bulletins de vote, devrait être envoyé plus tard.

La capitale Bujumbura est depuis fin avril le théâtre de manifestations quasi-quotidiennes d’opposition à un troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Ces rassemblements ont été émaillés de heurts parfois violents avec la police qui ont fait près de 25 morts. Depuis le début du mouvement, des manifestations ont aussi été signalées en province, mais de moindre ampleur et plus sporadiques. Depuis la fermeture des principales radio privées du pays, attaquées lors du putsch manqué contre le président Nkurunziza la semaine dernière, il est cependant très difficile de savoir ce qu’il se passe dans les zones rurales, l’information ne circulant plus.