Rwanda-Présidentielle : Le projet de candidature de Victoire Ingabire définitivement caduc selon la Justice de son pays

Un tribunal rwandais a rejeté ce mercredi 20 mars 2024 la «demande de restauration des droits civiques» de Victoire Ingabire, opposante au régime du Président Paul Kagame. Cette décision judiciaire empêche cette opposante hutu de se porter candidate à l’élection présidentielle du 15 juillet prochain.

«Lors de la grâce présidentielle accordée à Ingabire, certaines conditions ont été fixées qu’elle doit respecter (en référence au maintien de la privation des droits civiques en cas de condamnation à une peine de plus de six mois). Sa requête est donc sans fondement», a argumenté la juridiction de premier degré au Rwanda ce 20 mars.

Economiste d’origine hutu âgée de 55 ans, Victoire Ingabire ne peut pas faire appel de la décision judiciaire de ce 20 mars avant deux ans, car elle avait été déchue de ses droits après sa condamnation en 2013 à 15 ans de prison pour «minimisation du génocide de 1994» qui avait occasionné la mort d’au moins «800.000 morts entre avril et juillet 1994».

Libérée en septembre 2018 dans le cadre d’une grâce présidentielle accordée à plus de 2.000 prisonniers, Ingabire a rejeté le verdict judiciaire de ce 20 mars en critiquant à nouveau le régime Kagame en déclarant : «Je ne suis pas d’accord avec cette décision. Elle est clairement politisée. Nous avons un pays où les tribunaux ne sont toujours pas indépendants».

«La décision de ce 20 mars nous rappelle brutalement les obstacles à la participation politique et le besoin urgent d’une réforme de la gouvernance de notre pays», a encore affirmé cette opposante.

Depuis son retour au pays en janvier 2010 après 16 ans passés aux Pays-Bas, Ingabire dirige le mouvement « Dalfa Umurinzi » (Développement et Liberté pour Tous), non autorisé par le pouvoir de Kigali.

Deux candidats sont officiellement en lice pour la présidentielle du 15 juillet 2024 au Rwanda à savoir : le président Paul Kagame (aux commandes du pays depuis 2000), et Frank Habineza, chef du ‘Parti vert démocratique’ qui avait obtenu 0,45% des voix lors du dernier scrutin présidentiel de 2017.