RSF opposé à la candidature de Mushikiwabo à la tête de l’OIF

Reporters sans Frontières (RSF) n’a pas mâché ses mots pour se prononcer contre la candidature de la chef de la diplomatie rwandaise, Louise Mushikiwabo à la tête de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).

 

L’ONG explique sa position ce mercredi dans un communiqué, assurant que «le régime dirigé d’une main de fer par (le président) Paul Kagamé depuis 2000, et dont Louise Mushikiwabo est ministre depuis près de 10 ans, dispose de l’un des pires systèmes de répression à l’égard des médias et des journalistes».

 

Comment l’OIF «va-t-elle pouvoir favoriser le pluralisme des médias et la liberté de la presse conformément à ses objectifs en matière de droits de l’homme, si elle est dirigée par l’une des principales dirigeantes d’un Etat qui piétine le droit à l’information et réprime les journalistes depuis 18 ans», s’est insurgé, dans le document, Christophe Deloire, secrétaire général de RSF.

 

Pour le responsable du bureau Afrique de RSF, Arnaud Froger qui a livré son ressenti à la presse, il juge «incompatible» que Mushikiwabo qui détient une «lourde responsabilité en matière d’atteinte à la liberté de la presse, et d’atteinte aux droits de l’Homme en général au Rwanda », puisse « assurer un mandat de défense de la liberté de la presse, de défense des médias et des journalistes ».

 

RSF a recensé 8 journalistes tués ou portés disparus au Rwanda depuis 1996. Dans son classement mondial de la liberté de la presse établi en 2018, l’ONG place le Rwanda au 156e rang mondial (sur 180 pays).

 

Pourtant la ministre rwandaise des Affaires étrangères a reçu, récemment, le soutien de l’Union africaine (UA), lors de son sommet du début juillet à Nouakchott. Mushikiwabo fera face à la SG sortante, Michaëlle Jean, un canadienne originaire de Port-au-Prince.

 

Critiquée pour ses dépenses de fonctions, jugées extravagantes par certains, Michaëlle a dénoncé mardi 10 juillet, la campagne menée contre elle par les médias.

 

«On peut parler d’une campagne qui a été assez acharnée, qui a été souvent très déplaisante. Et je me dis que c’eût été tellement plus intéressant que les journalistes parlent de ce que nous faisons à la Francophonie», a-t-elle regretté.

 

L’élection du prochain SG de l’OIF aura lieu à l’occasion du Sommet de la Francophonie prévu en octobre prochain à Erevan, en Arménie.