Guinée : La monogamie devient la règle, sauf «accord explicite»

Les députés guinéens se sont prononcés en faveur d’une modification de la loi pour faire de la monogamie le régime général du mariage, sauf en cas «d’accord explicite » de la première épouse, prenant le contre-pied d’un texte voté fin 2018 légalisant la polygamie mais qu’avait rejeté le président Alpha Condé.

Le nouveau texte vient modifier celui adopté en décembre par  les députés, dont plusieurs sont polygames. Ce code civil, dans son article 281 affirmait que « le mariage peut être conclu soit sous le régime de la monogamie, soit sous le régime de la polygamie limitée à quatre femmes ».

Le texte disait aussi que «faute pour l’homme de souscrire à l’une des options», «le mariage est présumé être placé sous le régime de la polygamie», laissant donc le dernier mot à l’époux.

Mais le président Alpha Condé n’avait «pas apprécié» le vote de cette loi, selon ses services, et a renvoyé le texte au parlement.

En seconde lecture, 71 des 73 députés présents ont voté en faveur d’une nouvelle version de l’article 281, qui affirme à présent que « le mariage est soumis au régime de la monogamie pour tous les citoyens guinéens ».

Toutefois, «le futur mari peut, au moment de la célébration du mariage, en présence de sa future épouse et avec l’accord explicite de celle-ci, déclarer qu’il opte pour la polygamie limitée à deux, trois ou quatre femmes au maximum», selon un texte qui fait écho à la situation au Sénégal voisin. A défaut, «le mariage est placé de manière irrévocable sous le régime de la monogamie».

Si à l’instar de certaines femmes, la députée Traoré Zalikatou Diallo se dit «vraiment émue », car, « les discriminations au détriment des femmes ont été corrigées. Le principe de la monogamie est consacré comme par le passé et la polygamie est devenue une exception », certains parlementaires comme Aboubacar Soumah fustigé les lois qui sont prises  « pour faire plaisir aux Occidentaux sans tenir compte de nos coutumes et de nos meurs ».

Voté jeudi en séance plénière, le nouveau texte faisait notamment samedi l’objet de critiques dans les médias guinéens, surtout de la part des hommes, tant la polygamie fait partie des pratiques courantes, y compris au sein de la classe dirigeante, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest très majoritairement musulman.