Quatre journalistes inculpés au Burundi de «complicité d’atteinte à la sécurité intérieure»

Quatre journalistes burundais et leur chauffeur, arrêtés alors qu’ils couvraient l’incursion de rebelles burundais venus de la République démocratique du Congo (RDC) voisine, ont été inculpés de « complicité d’atteinte à la sécurité de l’État» et écroués samedi.

Les journalistes travaillaient pour Iwacu, l’un des derniers médias indépendants du Burundi. Ils ont été arrêtés dans la province de Bubanza (ouest).

Reporter sans frontières (RSF) a demandé jeudi la libération sans délai des quatre journalistes et de leur chauffeur, soulignant qu’ils n’ont fait rien d’autre que leur travail en allant vérifier sur place les informations qui faisaient état d’«affrontements armés». Human Rights Watch a également exigé leur «libération immédiate».

Le Burundi a chuté en 2017, à la 160ème place du classement mondial en matière de liberté de la presse, établi par RSF, alors qu’il était considéré comme un des rares Etats de la région des Grands lacs à être doté d’une presse libre et indépendante, avant le début de la crise politique déclenchée par l’annonce, en avril 2015, de la candidature du président Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat, qu’il a obtenu en juillet de la même année.

Les violences et la répression qui ont accompagné cette crise auraient fait au moins 1.200 morts et déplacé plus de 400.000 personnes entre avril 2015 et mai 2017, d’après les estimations de la Cour pénale internationale, qui a ouvert une enquête.

Depuis, la quasi-totalité de la presse indépendante burundaise a été réduite au silence. Craignant la répression, une centaine de journalistes ont fui le pays.

Un commissaire de la Commission électorale nationale indépendante du Burundi (Céni) avait appelé en mai dernier à «barrer la route» aux médias indépendants avant les élections de 2020, les accusant d’avoir conduit le pays au «chaos» au cours du processus électoral de 2015.

Au pouvoir depuis 2005, le président burundais avait surpris les observateurs en assurant qu’il ne se présenterait pas à sa propre succession en 2020, alors que la nouvelle Constitution de 2018 le lui permet.