Restitution d’objets à l’Afrique: Paris étudie un premier projet de loi

Un premier projet de loi sur la restitution par la France à des pays africains d’œuvres culturelles prises pendant la colonisation, sera examiné mercredi en Conseil des ministres, a annoncé l’Elysée.

Ce «projet de loi relatif à la restitution de biens culturels à la République du Bénin et à la République du Sénégal», actera notamment la restitution formelle d’un sabre déjà prêté au Sénégal et que l’ex-Premier ministre français Edouard Philippe avait symboliquement remis en novembre dernier au président sénégalais Macky Sall.

Il s’agit d’une arme historiquement significative, ayant appartenu à El Hadj Oumar Tall, un chef de guerre et érudit musulman qui a conquis au XIXe siècle un immense territoire à cheval sur le Sénégal, la Guinée et le Mali, et a lutté contre l’armée coloniale française. Côté Bénin, la France s’est engagée sur le retour de 26 objets du patrimoine béninois pillés lors du sac du palais des rois d’Abomey par des troupes coloniales françaises en 1892 et conservés au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac à Paris.

Le président français Emmanuel Macron avait annoncé cette décision fin 2018 suite à un rapport qu’il avait commandé sur ce thème aux universitaires Bénédicte Savoy, du Collège de France, et Felwine Sarr, de l’Université de Saint-Louis au Sénégal.

Les autorités béninoises avaient alors salué «le courage et la détermination» du président Emmanuel Macron. «Le gouvernement du Bénin se réjouit de cette décision et salue le courage mais aussi la détermination du président Emmanuel Macron à tenir cette promesse qu’il a faite lors de son intervention à Ouagadougou en 2017», a déclaré à l’époque le ministre des Affaires étrangères du Bénin, Aurélien Agbénonci.

Fin mai 2018, plusieurs pays, notamment africains, ont plaidé à Paris pour la restitution à leurs pays d’origine de biens culturels pillés, exhortant à la résolution rapide des obstacles au retour de ce patrimoine sur leurs «terres de création», à l’occasion d’uneconférence internationale sur la «circulation des biens culturels et patrimoine en partage», organisée par l’Unesco. Plus de 90% des pièces majeures d’Afrique subsaharienne se trouveraient hors du continent, selon les experts.