Niger : Cinq semaines de prison requises contre une journaliste accusée de diffamation

La justice nigérienne a requis mardi cinq semaines de prison contre Samira Sabou, une journaliste-blogueuse nigérienne écrouée le 10 juin et accusée de diffamation dans ses publications sur l’affaire des surfacturations d’achats d’équipements militaires.

«A l’issue du procès qui a eu lieu ce mardi le procureur a requis un mois et une semaine de prison ferme et une amende d’1 million FCFA (plus de 1.500 euros) contre notre camarade Samira Sabou», a indiqué à la presse Maman Kaka Touda, un responsable de l’ONG Alternative espace citoyen (AEC), qui a assisté au procès. L’affaire a été «mise en délibéré au 28 juillet», a précisé une source judiciaire.

Interpellée le 10 juin et placée sous mandat de dépôt, Samira Sabou est jugée pour une plainte pour «diffamation» déposée par Sani Mahamadou Issoufou le fils et directeur de cabinet adjoint du président Mahamadou Issoufou.

La journaliste avait publié un post sur l’affaire des surfacturations à l’armée accusant un homme d’affaires nigérien de «capter les marchés du ministère de la Défense au nom du fils du patron». La justice avait annoncé le 8 avril l’ouverture d’une enquête sur l’affaire, qui a éclaté en février. En février, le gouvernement avait annoncé qu’un audit demandé par le président Issoufou avait révélé des surfacturations ainsi que des livraisons non effectuées à l’armée, qui combat depuis 2015 les jihadistes dans le sud-est et l’ouest du pays.

Les surfacturations et les livraisons non effectuées d’équipements militaires ces dernières années ont coûté 32,6 milliards FCFA (50 millions d’euros) à l’Etat du Niger, selon le parquet de Niamey.

Selon le parquet, le «dossier de la procédure» qui lui a été transmis «le 22 juin 2020» pointe «des faits susceptibles de recevoir des qualifications pénales», tels que «faux et usage de faux en écriture publique et de commerce», «enrichissement illicite» ou atteinte à la liberté d’accès et à l’égalité des candidats devant les marchés publics». Le 15 mars dernier, de violents heurts avaient opposé les forces de l’ordre et des manifestants demandant des sanctions dans ce scandale.