Cameroun : Mobilisation internationale contre la condamnation de l’avocate Yen-Eyoum

L’avocate française d’origine camerounaise, Lydienne Yen-Eyoum a écopé mardi d’une peine d’emprisonnement de 25 ans dans son pays d’origine, une décision judiciaire fortement dénoncée par la communauté internationale et notamment l’ONU.

La Cour suprême camerounaise a confirmé ce mardi à Yaoundé, sa condamnation à 25 ans de prison. Incarcérée depuis janvier 2010, l’avocate qui relève du barreau de Douala, la capitale économique du Cameroun, a été condamnée en septembre 2014, pour une supposée affaire de détournement de fonds au Cameroun. Elle a toujours clamé son innocence.

Cependant, malgré toutes les charges retenues contre elle, le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies a déclaré que l’arrestation de l’avocate camerounaise était illégale et arbitraire.

Ecrouée depuis 2008, Lydienne Yen-Eyoum a toujours clamé son innocence. Depuis cette date, elle a fait d’autres nombreux recours en justice, mais ils ont été tous infructueux.

Me Yen-Eyoum avait été mandatée en 2004 par le ministère camerounais des Finances pour recouvrer d’anciennes créances appartenant à la Société Générale des Banques Camerounaises (SGBC). La filiale de la banque française était en contentieux avec l’Etat camerounais depuis plusieurs années. Suite à cette affaire, la justice camerounaise lui a reproché d’avoir gardé une partie des fonds recouvrés. D’après des sources proches du dossier, le montant total de ces fonds est estimé à un peu plus d’un milliard de francs CFA, l’équivalent d’environ 1,5 millions d’euros.

Pour nombre d’observateurs, Lydienne Yen-Eyoum paie les frais de la terrible politique anti-corruption initiée par le gouvernement camerounais pour faire baisser ce fléau qui gangrène l’économie du pays. Lancée en 2006 sous la pression des bailleurs de fonds, l’opération anti-corruption baptisée «Epervier» a déjà conduit à l’arrestation de nombreuses personnalités, dont des ex-ministres et dirigeants d’entreprises publiques.

Dans le cadre de cette opération, le Président camerounais, Paul Biya avait décidé de créer en 2012, un Tribunal Spécial chargé de juger les personnes soupçonnées d’avoir détourné de grandes sommes d’argent dans leur pays d’origine. Six ans après la création de ce tribunal qui a prononcé plusieurs peines d’emprisonnement à l’encontre de grandes personnalités, de nombreux observateurs dénoncent le mode opératoire utilisé par cette juridiction, lors de ses jugements.