Le référendum constitutionnel au Burundi se tient sans les observateurs internationaux

Les Burundais se rendent ce jeudi 17 mai dans les urnes, pour se prononcer sur le projet d’amendement de la Constitution de 2005. Le scrutin se déroule sous les regards d’une quarantaine d’observateurs nationaux déployés sur le terrain, mais sans aucune mission d’observation internationale.

 

Si pour la Commission électorale nationale indépendante (CENI), aucun observateur étranger n’a demandé l’accréditation pour le referendum, pour les institutions internationales, il n’est pas question de cautionner le processus de révision du texte fondamental, quoi que les raisons évoquées diffèrent les unes des autres. Ni la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), ni l’Union africaine, ni l’Union européenne, ni les Nations Unies ne sont représentées.

 

La communauté internationale estime aussi que le gouvernement burundais n’a pas manifesté la volonté de voir déployer sur le territoire national des observateurs étrangers lors du referendum.

 

Le référendum constitutionnel, pour lequel le «oui» l’emportera à coup sûr, devrait permettre au Président Pierre Nkurunziza, 54 ans, de rester au pouvoir jusqu’en 2034, grâce à la possibilité qui lui sera offerte de se présenter pour deux septennats à partir de 2020.

 

L’opposition a toujours dit non au nouveau texte qu’elle considère comme un moyen pour renforcer les pouvoirs de l’actuel chef d’Etat. En effet, la nouvelle loi prévoit que le président récupère la quasi intégralité du pouvoir exécutif, jusque-là partagé avec le gouvernement et ses deux vice-présidents.

 

«Si le oui l’emporte, le pays plongera dans une dictature sans nom, car ce sera un pouvoir extraordinaire de l’exécutif qui risque de faire taire toutes les autres institutions de la République », a craint l’opposant Agathon Rwasa

 

La coalition Cnared a appelé au boycott du référendum, considérant que sa validation signera « l’arrêt de mort » de l’Accord de paix d’Arusha de 2000. Cet accord avait permis de mettre fin à la guerre civile de 1993-2006 soldée par plus de 300 000 morts.

Les organisations de défense des droits de l’Homme dénoncent une dérive autoritaire et un climat de peur dans le pays. Soulignons que le 14 mai passé, à la fin de la campagne en lien avec le referendum, le secrétaire général du CNDD-FDD (parti au pouvoir) a averti que « celui qui votera non sera un traître à la solde des colonisateurs blancs.

 

Ce sera même un diable, car voter non, c’est apporter la malédiction ». « Je mets en garde ceux qui vont voter non, ce sont des ennemis du pays», a menacé le général Evariste Ndayishimiye.