Tchad : Les affrontements entre la police et les manifestants se soldent par une trentaine de morts

Une trentaine de personnes ont perdu la vie jeudi dans les affrontements entre la police et les manifestants qui étaient descendus dans la rue à N’Djamena, la capitale du Tchad, et d’autres villes pour dénoncer le maintien au pouvoir du Président Mahamat Idriss Deby et réclamer le retour à un régime civil.

 «Ils nous tirent dessus. Ils tuent notre peuple. Les soldats du seul général qui a refusé d’honorer sa parole et aujourd’hui c’est la fin des 18 mois, voilà comment il entend installer la dynastie en tuant le peuple», a déploré sur Twitter Succès Masra du parti «Les Transformateurs», à l’origine de l’appel à manifester pacifiquement, au grand dam des autorités qui s’y étaient opposées.

 La transition devait prendre fin ce jeudi 20 octobre, selon ce qu’avait promis Mahamat au lendemain de sa prise de pouvoir par force, après la mort de son père, feu maréchal Idriss Deby, survenue le 20 avril 2021. Mais elle a été prolongée de deux ans, conformément aux décisions sorties du Dialogue national inclusif, boycotté par une bonne partie de l’opposition.

Une «cinquantaine de morts et plus de 300 blessés», tel est le bilan présenté par le Premier ministre tchadien Saleh Kebzabo lors d’une conférence de presse. Parmi ces morts, figurent une dizaine d’éléments des forces de sécurité.

Selon le gouvernement, les manifestants auraient attaqué des édifices publics, le gouvernorat, le siège du parti du Premier ministre et celui du président de l’Assemblée nationale. Aussi, la police aurait-elle tiré des grenades lacrymogènes et fait usage des balles en caoutchouc pour tenter de disperser les différents rassemblements et se défendre.

Kebzabo a annoncé un couvre-feu de 18h à 6h jusqu’au «rétablissement total de l’ordre» dans les villes touchées. Un arrêté du ministre de l’Administration du territoire indique que les activités des partis politiques et organisations impliquées, notamment Les Transformateurs et la coalition Wakit Tama, sont interdites pour une durée de trois mois.

Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a réagi sur Twitter, condamnant «fermement la répression des manifestations ayant entrainé mort d’hommes» et invitant les différentes «parties au respect des vies humaines et des biens et à privilégier les voies pacifiques pour surmonter la crise».