L’ambassadeur de France à Bangui persona non desiderata en RCA

Si l’ambassadeur de France en république centrafricaine (RCA), Jean-Marc Grosgurin bénéficiait d’un statut faisant de lui le doyen du corps diplomatique accrédité à Bangui, en vertu d’un accord de coopération entre les deux pays, ce ne sera plus le cas, Bangui ayant mis fin au décanat accordé au Chef de la mission française auprès du chef de l’État centrafricain.

La ministre centrafricaine des Affaires étrangères, Sylvie Baïpo-Témon a notifié la décision à son homologue française, Catherine Colonna, à travers un courriel.

Dans sa lettre, la ministre centrafricaine accuse l’ambassadeur de France à Bangui, d’avoir «des attitudes irrespectueuses aux invitations du chef de l’État», ou encore de s’adonner à «la désinformation et à la délation».

La France est accusée de ne pas avoir appliqué «la réciprocité» de rigueur en matière diplomatique. «Ce n’est pas une escalade dans les relations avec la France, mais c’est la personnalité même de l’ambassadeur qui est en cause», mentionne le courrier.

La cheffe de la diplomatie centrafricaine, Sylvie Baïpo-Temon, annonce à son homologue français que son pays met fin «au privilège totalement symbolique dont jouissait l’ambassadeur de France depuis le jour de l’indépendance de ce pays, le 13 août 1960, d’être le doyen du corps diplomatique».

Les relations entre les deux pays sont au plus mal depuis que le président Faustin-Archange Touadéra a fait appel aux paramilitaires russes de Wagner en RCA. Il y a deux mois, la ministre centrafricaine des Affaires étrangères n’avait pas caché tout le mal qu’elle pensait du diplomate français, dans un entretien accordé à Mediapart.

L’ambassadeur de France, Jean-Marc Grosgurin, a quant à lui réagi dans un tweet mardi matin, dénonçant «des manipulations stériles, grotesques et mensongères diffusées ad nauseam».

Selon une source française, il s’agirait d’une manœuvre de Bangui, qui vise à propulser l’ambassadeur de France hors de la RCA, avant l’organisation éventuelle d’un référendum sur un 3e mandat contesté du président Faustin-Archange Touadéra.