Trois organisations appellent Alger à libérer les personnes arrêtées après l’exfiltration de la militante Amira Bouraoui

Human Rights Watch, l’Institut du Caire pour les études sur les Droits de l’Homme et EuroMed Rights ont demandé, ce mardi 27 juin, aux autorités algériennes de libérer les personnes qui sont détenues il y a plus de quatre mois, pour avoir prétendument aidé une militante à fuir le pays en février 2023.

Quelques neuf personnes auraient été arrêtées pour des faits liés de près ou de loin à cette escapade, dont un journaliste, Mustapha Bendjama, et un membre de la famille de la militante et sa mère, Khadidja Bouraoui, âgée de 71ans.

La militante franco-algérienne, Amira Bouraoui, condamnée pour son activisme pacifique et frappée d’une interdiction arbitraire de voyager à l’étranger depuis 2021, a quitté l’Algérie vers la Tunisie avant d’être exfiltrée vers la France, rappellent les trois organisations dans leur communiqué conjoint.

Gynécologue de profession, elle a été active politiquement dès 2011, notamment pendant le mouvement de contestation Hirak qui, à partir de 2019, a réclamé pacifiquement le changement de régime et de profondes réformes démocratiques.

En 2021, elle a été condamnée par la justice algérienne à quatre ans de prison au total dans deux affaires distinctes, pour «atteinte à la personne du président de la République» et «offense à l’Islam». Ces peines n’ont jamais été exécutées, explique la même source.

La franco-algérienne est arrivée en France le 8 février, après avoir quitté l’Algérie via sa frontière terrestre vers la Tunisie, où elle a échappé de justesse à une extradition. Elle a été ensuite exfiltrée par les services français de Tunis à Lyon ce qui a déclenché un incident diplomatique entre Alger et Paris.

Les autorités algériennes devraient remettre en liberté toute personne dont la détention découle directement ou indirectement des accusations injustes liées à la fuite de Bouraoui, soutiennent les 3 organisations.

D’après Amna Guellali, directrice de recherches à l’Institut du Caire pour les études sur les Droits de l’Homme, «la frénésie vindicative que les autorités algériennes ont déchaîné après le départ de Bouraoui démontre bien leur volonté délibérée de garder les activistes sous leur férule et de mettre leurs vies en suspens».

Bouraoui a affirmé, lors d’un entretien télévisé, qu’elle était «passée par le poste frontalier d’Oum Teboul sans l’aide de qui ce soit, ni de Bendjama, ni d’un agent de la police des frontières». Mais les autorités algériennes ont leur propre thèse et n’ont prêté aucune attention à ces déclarations.