La récente évolution de la position du Kenya sur la question du Sahara marocain, en soutenant désormais le Plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007, et l’ouverture d’une ambassade du Kenya à Rabat, augurent d’une nouvelle ère dans les relations bilatérales entre les deux pays aux plans politique, diplomatique et économique.
Ce virage diplomatique du pouvoir à Nairobi bien accueilli par les autorités marocaines, semble désormais ouvrir la voie à un renforcement tangible des échanges économiques entre les deux pays, notamment dans les secteurs agricoles, industriels et touristiques.
En visite de travail au Maroc, le Premier ministre et ministre kényan des Affaires étrangères et de la Diaspora, Musalia Mudavadi, a multiplié les rencontres avec les dirigeants marocains de haut niveau.
Lundi 26 mai, il s’est longuement entretenu avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita avant de procéder ensemble, à l’inauguration de la nouvelle ambassade du Kenya à Rabat. Le lendemain mardi, il a été reçu respectivement par le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, le ministre du Commerce et de l’Industrie, Ryad Mezzour, ainsi que le directeur général de l’Office national des chemins de fer (ONCF), Mohamed Rabie Khlie.
Lors de son entretien avec le chef du gouvernement marocain, Musalia Mudavadi a souligné l’importance d’instaurer une coopération accrue dans des domaines clés tels que le commerce, l’agriculture, le tourisme, l’industrie et l’éducation.
Le Chef de la diplomatie kenyane a déclaré qu’il comptait sur la volonté du Maroc de prioriser l’importation de produits agricoles kenyans, notamment le thé et le café, afin de rééquilibrer une balance commerciale longtemps en faveur du Royaume.
Mudavadi a également confirmé que des négociations bilatérales supplémentaires allaient débuter dans les plus brefs délais et invité Aziz Akhannouch à se rendre en visite au Kenya, en compagnie d’une délégation d’hommes d’affaires marocains, afin de concrétiser ces ambitions économiques et diplomatiques.
S’agissant de la coopération dans le secteur du tourisme, le Kenya souhaite s’inspirer de l’ambition du Maroc d’attirer 20 millions de visiteurs d’ici 2025. Le développement des infrastructures, en particulier ferroviaires, a aussi fait l’objet d’échanges prometteurs avec l’ONCF, en vue d’une éventuelle collaboration avec Kenya Railways.
Par ailleurs, dans un communiqué conjoint publié lundi 26 mai à Rabat, à l’issue de ses entretiens des Chefs de la diplomatie des deux pays, Nasser Bourita et Musalia Mudavadi, «la République du Kenya salue le consensus international croissant et l’élan impulsé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI en faveur du plan d’autonomie proposé par le Royaume du Maroc, considéré comme la seule solution crédible et réaliste pour résoudre le différend autour du Sahara».
Dans le même document il est précisé que «la République du Kenya considère le plan d’autonomie comme l’unique approche durable pour régler la question du Sahara et entend collaborer avec des États partageant cette vision pour en favoriser la mise en œuvre». De son côté, « le Royaume du Maroc se félicite du soutien du Kenya au cadre des Nations Unies, reconnu comme le seul mécanisme pour parvenir à une solution politique durable au différend sur le Sahara».
La nouvelle position du Kenya dans le conflit territorial artificiel autour du Sahara Occidental marocain, ouvre ainsi une nouvelle page dans les relations entre Rabat et Nairobi. Elle constitue en même temps, une véritable douche froide pour le Polisario et son parrain algérien, qui s’accrochent depuis près de 50 ans, à la désuète option d’un «référendum d’autodétermination» au moment même où, le Conseil de Sécurité de l’ONU a fait table rase de cette option dans ses résolutions depuis 2007, qualifiant à maintes reprises, l’Initiative d’autonomie marocaine de « sérieuse, réaliste et crédible».
Pour rappel, le nouveau rapprochement entre le Maroc et le Kenya s’inscrit dans une dynamique amorcée en janvier 2023, à Dakar, où le président kenyan, William Ruto avait déjà exprimé lors d’une rencontre avec Aziz Akhannouch, sa volonté de renforcer les relations économiques avec le Maroc dans plusieurs secteurs stratégiques.