L’Ethiopie renforce l’état d’urgence avec des nouvelles exigences

Les autorités éthiopiennes ont annoncé ce week-end l’adoption de nouvelles exigences rendant plus contraignant l’état d’urgence de six mois décrété dans le pays le 9 octobre dernier.

Ces nouvelles restrictions, une trentaine, touchent, entre autres, aux déplacements dans le pays et à la consultation de certains médias d’opposition basés à l’étranger. Les autorités ont instauré de larges «zones rouges» le long des frontières et autour des grands axes routiers, dans lesquelles les différents mouvements sont sévèrement contrôlés.

Les étrangers pour leur part, le gouvernement les a enjoints de ne pas sortir de la capitale Addis-Abeba, au-delà d’un périmètre de 40 km, sauf notification préalable des autorités.

Un couvre-feu a été instauré de 18 heures à 6 heures autour des zones dites «d’intérêts économiques», notamment les fermes agricoles, les usines, et les institutions gouvernementales qui ont fait l’objet d’attaques lors des violences de ces dernières semaines.

Concernant les médias, non seulement, il est interdit, désormais, de suivre particulièrement deux chaînes d’opposition basées aux Etats-Unis, à savoir Ethiopian Satellite Radio and Television (ESAT) et Oromo Media Network (OMN), mais aussi les partis d’opposition sont sommés de ne pas «faire des déclarations à la presse pouvant inciter à la violence.»

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a fait part de ses inquiétudes face à toutes ces restrictions et a appelé le gouvernement à «préserver les droits de l’homme fondamentaux». Ban Ki-moon a réitéré «son appel au calme et à la modération» et recommandé «un dialogue inclusif pour résoudre les différends.»

L’Ethiopie est en proie à un mouvement de contestation depuis 1991, mené par les communautés oromo et amhara, majoritaires dans le pays et qui s’estiment délaissées par les autorités du pays. Par l’état d’urgence, l’Etat veut justement juguler ce mouvement de contestation antigouvernementale dont la répression a déjà fait des centaines de victimes.

D’après les médias locaux, plusieurs investisseurs ont déjà annoncé leur intention de se retirer du pays, tandis que le secteur touristique a été déjà frappé de plein fouet avec la baisse importante de touristes.