La justice éthiopienne condamne un opposant pour incitation au terrorisme

La Haute Cour d’Addis-Abeba, en Ethiopie, a reconnu coupable, ce mardi 16 mai, l’opposant Yonathan Tesfaye, accusé d’inciter au terrorisme à partir de ses commentaires publiés sur sa page Facebook.

Tesfaye aurait violé, selon la justice, l’article 4 de la loi antiterroriste qui stipule que quiconque incite à la violence est coupable de terrorisme.

Le coupable figure parmi les opposants qui ont été incarcérés en décembre dernier après les violences qui avaient fait près de 700 morts, principalement dans les régions Oromo et Amhara qui protestaient contre leur marginalisation économique et politique. Suite à ces violences, le gouvernement avait décrété l’état d’urgence en octobre 2016, reconduit pour quatre mois en mars.

Yonatan s’était livré à des commentaires sur son compte facebook concernant ces manifestations, touchant même la coalition au pouvoir, le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF). Cet ancien porte-parole du Parti Bleu, l’une des plus importantes formations de l’opposition, risque 10 à 20 ans de prison. Le verdict sera prononcé le 25 mai prochain.

A l’issue de l’audience, l’avocat de l’accusé, Me Shebru Belete a affirmé qu’il est clair que l’intention du gouvernement est «d’empêcher les autres de s’exprimer librement», précisant que son client fera appel du jugement.

Notons qu’au début de ce mois, le commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, Zeid Ra’ad Al Hussein, a demandé aux autorités d’envisager «la remise en liberté d’un certain nombre d’individus dont l’arrestation ou l’inculpation semble avoir été motivée plus par la peur des critiques que par des preuves de leur volonté de déclencher un renversement violent du régime».

Il avait aussi attiré l’attention des autorités éthiopiennes sur le fait «qu’une définition excessivement large du terrorisme peut être mal utilisée contre les journalistes, les blogueurs et les membres des partis d’opposition».

L’Ethiopie rejette toujours toute idée d’une enquête internationale indépendante sur les manifestations dans les régions Oromo et Amhara.