La Guinée adopte une loi qui autorise les gendarmes à tirer à vue

Les gendarmes guinéens sont désormais autorisés à tirer à vue, devant toute menace, sans qu’aucune poursuite judiciaire ne leur soit opposée, selon les dispositions d’une loi adoptée samedi 06 juillet par l’Assemblée nationale.

Pour la commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale, cette loi qui plaide pour le port d’armes par la gendarmerie nationale, vise à protéger les Guinéens contre le terrorisme, les prises d’otages et tous les cas dans lesquels ils peuvent se retrouver face à des dangers.

Le député Kalémodou Yansané, vice-président chargé des questions économiques de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG, opposition), qui a présidé l’assemblée générale hebdomadaire, a affirmé que « c’est normal, un gendarme doit être armé ».

« Mais, nous avons demandé à ce qu’il y ait un article dans la même loi qui dit que si un gendarme ou un militaire utilise de façon délibérée une arme contre un citoyen paisible, qui n’est pas agressif, pour lui ôter la vie, la loi sanctionne ce militaire. Et comme cette disposition n’a pas été prise en compte par la loi, l’opposition a voté contre », a-t-il expliqué.

D’après la presse locale, le texte ne fait pas l’unanimité, même au sein de la commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale où certains députés se sont opposés ouvertement à son adoption.

Les organisations de défense des droits de l’homme dénoncent un texte qui « fournit des directives inadéquates sur le recours à la force létale »

« Le président guinéen ne devrait pas mettre en application une loi nouvelle qui donne aux gendarmes le pouvoir discrétionnaire de décider de recourir aux armes à feu et pourrait les mettre à l’abri de toute éventuelle poursuite en justice pour meurtre illégal », ont déclaré Human Rights Watch et Amnesty International dans un communiqué.

« Alors qu’approche l’élection présidentielle de 2020, ce n’est pas le moment d’affaiblir les règles d’opération des forces de sécurité », a affirmé Francois Patuel, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.

D’après lui, « le gouvernement guinéen devrait plutôt renforcer sa capacité à enquêter effectivement sur les allégations de mauvais comportements de la part de membres de ses forces de sécurité et à poursuivre leurs auteurs en justice ».