L’ONU critique la diffusion par les autorités de la RDC d’une vidéo du meurtre de ses experts

Les Nations unies ont fait part ce lundi de leur mécontentement concernant la décision des autorités de la République démocratique du Congo (RDC), de diffuser une vidéo sur les assassinats de deux experts de l’ONU, Michael Sharp (Américain) et Zaida Catalan (Suédo-chilienne), tués en mars au Kasaï, au centre du pays.

L’ONU s’est indignée de cette décision, précisant que cela pourrait gêner l’enquête. «La vidéo est une preuve du crime. Nous ne pensons pas qu’elle aurait dû être publiée. Nous ne pensons pas qu’elle aurait dû être montrée», a indiqué le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric.

Ce responsable onusien, bien que reconnaissant l’authenticité de la vidéo, a soulevé l’effet que ces images choquantes pourraient avoir sur les familles des victimes.

Pour le gouvernement congolais, l’objectif derrière la présentation de la vidée, ce même lundi à la presse, n’est pas que de convaincre sur la véracité du crime. Les autorités ont voulu par ce moyen écarter également les soupçons qui pèsent sur Kinshasa, concernant ce dossier.

Sans être catégorique, le gouvernement attribue ces assassinats aux adeptes de Kamuina Nsapu, ce chef coutumier tué en août par les forces de l’ordre après s’être rebellé contre les autorités centrales.

«Nous, nous avons des images qui montrent des Kamwina Nsapu en train de faire cela. Si ce ne sont pas des Kamwina, le juge le dira. Mais nous avons montré ce qu’il y a pour que l’on cesse de parler de la police et de l’armée. Ceux qui accusent les forces armées aussi n’ont pas d’éléments», a affirmé le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende.

Pour Mende, la nature de la violence que subissent les Kasaïens est «terroriste». «Ce n’est pas une violence de revendication sociale», a-t-il précisé, tout en faisant savoir que le rôle des autorités est de réprimer ces terroristes. L’auteur de la vidéo avait été retrouvé et arrêté par la police, après avoir mis en ligne cette vidéo, selon Mende.

Michael Sharp et Zaida Catalan faisaient partie d’un groupe d’experts onusiens qui enquêtait sur de possibles violations des droits de l’homme commises dans les régions des Kasaï, notamment sur l’existence de fosses communes.