Le Japon prive les géants de l’électronique sud-coréens de composants clés

Le Japon a retiré la Corée du Sud de la liste blanche des 27 pays bénéficiant d’une procédure simplifiée d’exportation de technologies jugées critiques et instauré en même temps, des restrictions à l’exportation vers la Corée du Sud de résines photosensibles, fluorure d’hydrogène et polyimide fluoré, des fournitures pointues mais essentielles à la production de puces électroniques et des écrans plats.

Les entreprises sud-coréennes productrices et exportatrices devront désormais demander pour chaque livraison une autorisation des autorités japonaises, une permission qui prendra 90 jours pour être accordée.

Quatre géants sud-coréens de l’électronique, déjà confrontés au retournement brutal du marché des mémoires et à la montée fulgurante des concurrents chinois dans les écrans plats, devraient sensiblement faire les frais de ces mesures.

Tout d’abord les deux fabricants de puces Samsung Electronics et SK Hynix, qui détiennent ensemble près de 70% du marché mondial des mémoires selon le cabinet TrendForce. Ensuite les deux producteurs d’écrans plats Samsung Display et LG Display, qui jouissent d’un quasi-monopole dans les écrans Oled vont tous pâtir des restrictions imposées par Tokyo.

Le Japon compte pour 90% de la production mondiale de polyimides et de resines photosensibles et pour 70% de celle du fluorure d’hydrogène.

Officiellement, le Japon dit avoir agi ainsi parce qu’il soupçonne la Corée du Sud de ne pas respecter les règles internationales régissant la non-prolifération des armes, les composants japonais pouvant être utilisés dans des radars militaires, des avions militaires et la fabrication d’armes chimiques.

Mais la vérité semble être ailleurs. La décision de Tokyo est une émanation du contexte politique tendu entre le Japon et la Corée du Sud au sujet des réparations de guerre.

La Cour suprême sud-coréenne a condamné Nippon Steel à indemniser les victimes du travail forcé imposé par les Japonais au profit de leurs entreprises en Corée du Sud lors de son occupation par les forces impériales entre 1910 et 1945. Cette décision est jugée abusive par Tokyo qui préfère un règlement politique du litige.

Le Japon aurait donc pris sa décision pour faire pression sur la Corée du Sud qui a réagi en portant plainte auprès de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et en envisageant également des représailles «fortes» contre le Japon, ce qui annonce une nouvelle guerre commerciale entre deux puissances économiques mondiale.