Missiles français en Libye : Tripoli demande à Paris de s’expliquer

Le chef de la diplomatie du Gouvernement libyen d’union nationale (GNA), Mohamad Tahar Siala, a demandé, jeudi, à son homologue français, Jean-Yves Le Drian, d’apporter des explications « urgentes » sur la présence des armes françaises dans une base des forces du maréchal Khalifa Haftar, selon un communiqué du ministère des affaires étrangères du GNA.

Dans sa lettre, Tahar Siala invite Paris a expliqué « de manière urgente le mécanisme par lequel les armes françaises découvertes à Gharyan sont parvenues aux forces de Haftar, quand ont-elles été livrées et comment ? ». De même qu’il a souhaité connaître « les quantités d’armes » qu’aurait fournies la France au maréchal Haftar qui règne sur la partie Est de la Libye.

Cette injonction intervient après que la France a reconnu, mercredi, que des missiles découverts dans un QG du maréchal Haftar près de Tripoli lui appartenaient, tout en niant de les avoir fournies au maréchal.

« Les missiles Javelin trouvés à Gharyan appartiennent effectivement aux armées françaises, qui les avaient achetés aux Etats-Unis », a avoué le ministère français des Armées, expliquant « ces armes étaient destinées à l’autoprotection d’un détachement français déployé à des fins de renseignement en matière de contreterrorisme ».

A en croire ses propos, ces munitions, « endommagées et hors d’usage », étaient « temporairement stockées dans un dépôt en vue de leur destruction » et « n’ont pas été transférées à des forces locales ».

Le GNA est le régime reconnu par l’ONU en Libye. Son chef de la diplomatie a estimé que la présence des armes françaises dans une base des forces du maréchal « contredit les déclarations du gouvernement français (…) de soutien au GNA, comme seul reconnu internationalement ».

L’homme fort de l’Est libyen combat le gouvernement de Tripoli. Il a lancé le 4 avril dernier une offensive sur la capitale. Les combats auraient fait 1.048 morts, dont 106 civils, et 5.558 blessés, dont 289 civils, selon le dernier bilan de l’OMS.