Bénin : L’ex-Premier ministre Zinsou frappé d’inéligibilité pendant 5 ans

L’ancien Premier ministre béninois, Lionel Zinsou a été condamné, vendredi 2 août par le tribunal de première instance de Cotonou, à six mois de prison avec sursis, cinq ans d’inéligibilité pour toutes les élections à venir au Bénin, et à une amende de 50 millions de francs FCA.

Il est accusé d’avoir dépassé ses frais de campagne lors de la présidentielle de mars 2016 (remportée par Patrice Talon, l’actuel chef d’Etat). Il aurait utilisé de «fausses attestations ou un certificat falsifié» pour masquer ses dépassements de compte.

«C’est une condamnation qui n’est pas légitime», a martelé ce Franco-Béninois, dont le procès a démarré il y a environ deux mois, mais sans que lui-même n’ait assisté aux audiences.

Il dit n’avoir pas été surpris par le verdict du tribunal. «J’ai connu le jugement avant que les juges ne connaissent la cause. Mais chacun peut cependant rester très étonné de voir les droits humains, les libertés publiques, la sécurité des personnes et des biens disparaître aussi vite», a-t-il confié à la presse locale.

Sa défense a annoncé son intention de faire appel, en utilisant tous les moyens de recours à sa disposition pour s’opposer à cette décision. « Lorsque l’on condamne quelqu’un pour faux, la moindre des choses est de produire un document supposément faux. Or cela n’a pas été le cas», a déclaré son avocat Me Robert Dossou. La défense a quinze jours pour faire appel.

La condamnation de Zinsou intervient dans un contexte où le régime du président Talon durcit le ton au fil des jours, alors que le Bénin est considéré comme un exemple de démocratie dans la sous-région ouest-africaine.

Plusieurs opposants se retrouvent dans le viseur de la justice du pays, dont Sébastien Ajavon, président du patronat béninois et richissime homme d’affaires, condamné à 20 ans de prison pour trafic de drogue et exilé en France, ainsi que l’ex-président Thomas Boni Yayi qui s’est attiré récemment les foudres de la justice après avoir dénoncé les élections législatives tenues en avril dernier sans la participation de l’opposition.