Les religieux guinéens plaident pour le dialogue du gouvernement avec l’opposition

L’Union du clergé guinéen a demandé formellement au président Alpha Condé de «privilégier le dialogue avec les partis de l’opposition et la société civile pour un dénouement heureux» de la crise politique qui sévit dans le pays.

Les chefs religieux étaient réunis cette semaine à N’zérékoré, dans le sud-est du pays, pour leur 34e assemblée ordinaire. Dans un communiqué diffusé à l’issue de leur rencontre, ils se sont prononcés sur la situation sociopolitique actuelle marquée par des manifestations organisées par l’opposition et la société civile pour faire barrage à une éventuelle candidature de Condé pour un troisième mandat.

La tension actuelle «est grave, en raison de la perte de vies humaines et de la destruction de biens. Tout cela provoque la peur et la tristesse (profonde) parmi les gens», explique le clergé. Selon les médias locaux, une vingtaine de personnes auraient déjà perdu la vie dans les manifestations depuis octobre 2019.

« Notre démocratie est bafouée au service du régionalisme, du népotisme, de l’ethnocentrisme, du favoritisme, de l’injustice et du clanisme. La violence et les crimes impunis sont en augmentation. La permission de manifester accordée aux uns et interdite à d’autres, ce qui dénote une injustice dans la gestion des libertés civiques », ont dénoncé également les prêtres catholiques.

Le clergé reproche le fait que le « dialogue sincère et participatif » soit « quasi absent » entre le président et l’opposition. Pour lui, il revient au chef de l’Etat, en tant que « garant de l’unité nationale, de briser le silence pour ramener la quiétude, l’harmonie, la réconciliation dans le pays » afin de « sortir de cette crise qui perdure et qui affecte l’unité nationale ».

Les religieux ont aussi demandé aux autorités de « respecter la Constitution en vigueur, tout en observant le principe démocratique de l’alternance à travers des élections libres et transparentes».

Ces prêtres sont en faveur du report de l’organisation des élections législatives prévues pour le 16 février prochain, en vue de dénouer l’actuelle crise politique. Les principaux partis de l’opposition avaient déjà annoncé qu’ils ne prendront pas part au scrutin.

Certaines figures de la société civile ont salué l’interpellation des religieux qui, espèrent-ils pourra faire réfléchir Alpha Condé.