Algérie : Le directeur de Radio M et du site web Maghreb Emergent écope de six mois de prison ferme

Le Directeur de Radio M et du site d’information Maghreb Emergent en Algérie, Ihsane El Kadi a écopé, mardi 7 juin, d’une peine de 6 mois de prison ferme assortie d’une amende de 50 000 dinars (322 euros). 

Le verdict a été prononcé par la juge près de le tribunal Sidi M’hamed, à Alger, la capitale. Le journaliste Ihsane El Kadi est notamment accusé «d’atteinte à l’unité du territoire» et «publications portant préjudice à l’intérêt national».

El Kadi avait été placé sous contrôle judiciaire depuis le 18 mai 2021, suite à une plainte d’un ancien ministre de la Communication, Amar Belhimer, suite à la publication d’un article intitulé «Pourquoi la place de Rachad doit être protégée dans le Hirak ?».

La Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) a déploré ce verdict. Son vice-président, Said Salhi, a évoqué «une condamnation de trop», soulignant que plusieurs journalistes croupissent déjà «en prison ou sous le coup de poursuites judiciaires, pourtant, le délit de presse a été abrogé ». Le pouvoir, a-t-il soutenu, doit «changer de cap», car «le journalisme n’est ni un délit, ni encore un crime». 

Soulignons que le procureur de la République avait requis, pour sa part, une peine de trois ans de prison ferme contre le journaliste, ainsi qu’une amende de 100.000 dinars et l’interdiction de toute activité publique pour une durée de cinq ans.

De nombreux partis politiques, journalistes et défenseurs des droits de l’Homme ont réagi à cette nouvelle condamnation, en dénonçant une violation de la liberté d’expression et de la presse dans le pays. 

Le parti Rassemblement pour la Culture et la Démocratie a indiqué que «la politique de répression et d’instrumentalisation du pouvoir judiciaire mène à tout sauf à la justice et au dialogue sincère, conditions incontournables pour construire des institutions représentatives des aspirations du peuple algérien». 

Le journaliste El Kadi était également accusé de «réouverture du dossier de la tragédie nationale des années 1990», chef d’accusation pour lequel il risquait jusqu’à cinq ans de prison.