Des imams au Mali appellent à s’opposer à la laïcité dans la prochaine Constitution

Une influente organisation de chefs religieux au Mali a appelé mardi les fidèles à s’opposer au projet de nouvelle Constitution présenté par la junte au pouvoir et qui maintiendrait le principe de laïcité de l’Etat.

A quelques jours de la date initialement prévue pour un référendum sur cette nouvelle Constitution, la Ligue malienne des imams et érudits pour la solidarité islamique, une organisation jouissant d’un fort crédit parmi la population, a dénoncé mardi le maintien du principe de laïcité de l’Etat par rapport à la Constitution de 1992 et réclamé «le retrait pur et simple du mot» laïcité du projet constitutionnel, et son remplacement par «Etat multiconfessionnel».

La laïcité «est une astuce que les gouvernants utilisent à leur guise pour cadenasser la ou les religions», explique la Ligue malienne dans une déclaration lue devant la presse à Bamako.

«La laïcité ne s’oppose pas à la religion et aux croyances. Elle a pour objectif de promouvoir et conforter le vivre-ensemble fondé sur la tolérance, le dialogue et la compréhension mutuelle», dit-elle. La population malienne est musulmane dans son immense majorité.

Les Maliens étaient censés être consultés le 19 mars. La version présentée comme finale de la Constitution, remise le 27 février dernier au colonel Assimi Goïta, affirme l’«attachement à la forme républicaine et à la laïcité de l’Etat».

La Ligue «exhorte solennellement tous les musulmans patriotes à voter contre le projet de Constitution sous sa forme actuelle lors du référendum». Cette Constitution est un élément-clé du vaste chantier de réformes invoqué par les militaires pour justifier de continuer à diriger jusqu’en 2024 ce pays confronté à la propagation jihadiste et à une profonde crise multiforme.