L’ONU prône une loi spécifique criminalisant l’esclavage au Mali

Des experts indépendants de l’ONU ont fait, lundi 8 mai, une déclaration dans laquelle ils exhortent les autorités maliennes à «adopter sans délai une législation pour criminaliser l’esclavage dans le pays», d’après le site d’information de l’ONU.

Ces experts, notamment Tomoya Obokata, le Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage, et Alioune Tine, l’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali, soulignent que l’esclavage par ascendance et la violence qui en résulte, perpétrée par des supposés «nobles» ou «maîtres» contre des personnes nées en situation d’esclavage, persistent au Mali.

Le phénomène serait répandu dans les régions du centre et du nord du pays, notamment à Tombouctou, Gao et Kidal, insistent-ils, déplorant le déplacement de centaines de personnes et de communautés entières provoqué par cette pratique. Ces citoyens craignent des maltraitances dans leurs collectivités d’origine.

«Rien ne peut justifier l’esclavage, qu’il s’agisse de culture, de tradition ou de religion», d’après les deux experts qui font remarquer aussi que «continuer à soutenir l’esclavage au 21ème siècle contredit les engagements répétés des autorités maliennes à respecter, protéger et mettre en œuvre les droits de l’homme pour tous et toutes».

«Le gouvernement dans son ensemble doit agir et la criminalisation de l’esclavage doit être une priorité», ont-ils fait valoir, ajoutant que «les ‘maîtres’ d’esclaves doivent répondre de leurs actes», tandis que les victimes doivent être indemnisés et rétablis dans leurs droits et leur dignité.

Tomoya Obokata et Alioune Tine ont, toutefois, reconnu les efforts importants déployés par les autorités maliennes, en particulier le ministère de la Justice et les autorités judiciaires, pour mettre fin à l’impunité dans les cas d’esclavage par ascendance ; et ont salué la condamnation de plusieurs personnes pour de tels crimes lors d’une session spéciale de la Cour d’assises de Kayes tenue du 27 février au 17 mars dernier.

D’après les deux personnalités, «le Mali est le seul pays de la région du Sahel à ne pas disposer d’une telle législation» spécifique criminalisant l’esclavage, alors que des interpellations ont déjà eu lieu dans le passé.