Tchad/Mort violente de l’opposant Yaya Dillo Betchi: Une partie de l’opinion tchadienne dénonce un «assassinat politique»

La tension politique est toujours perceptible au Tchad, ce vendredi au lendemain de l’annonce, par le procureur de la République près les juridictions de N’Djamena, de la mort de l’opposant Yaya Dillo Djerou Betchi, président du PSF (Parti socialiste sans frontières) alors qu’il était candidat déclaré à la présidentielle de mai 2024.

Dans la matinée de ce jeudi 29 février, le procureur de la République de N’Djamena a fait état de «morts parmi lesquels Yaya Dillo D. Betchi, des décès survenus le 28 février 2024». Le magistrat n’a pas fourni des précisions sur les circonstances de cette disparition.

«Yaya Dillo Betchi est mort là ou il s’était retranché, au siège de son parti. Il n’a pas voulu se rendre et a tiré sur les Forces de l’ordre», a détaillé pour sa part Abderaman Koulamallah, porte-parole du Gouvernement et ministre de la Communication.

Yaya Dillo Betchi a été accusé ouvertement quelques heures plus tôt, par le pouvoir tchadien d’avoir mené, dans la nuit de mardi à mercredi 28 février, «une attaque contre les locaux des Services de renseignements à la suite de l’arrestation d’un de ses militants pour tentative d’assassinat contre le président de la Cour suprême», une version rejetée en bloc par l’opposant avant sa disparition violente.

Il avait plutôt dénoncé, quelques heures avant sa mort, «un mensonge et une mise en scène destinée à écarter sa candidature contre le général Deby à la présidentielle du 6 mai prochain».

La coalition de l’opposition Wakit Tama a dénoncé après l’annonce du décès de Yaya Dillo Betchi «un assassinat». «Mes tristes condoléances à l’endroit de la famille biologique et politique de Yaya Dillo dont nous apprenons à l’instant la confirmation de son décès parmi les victimes des évènements malheureux de ces deux derniers jours», a twitté le Premier ministre tchadien, Succès Masra sur Twitter, dans la soirée de jeudi 29 février.

Un tweet au contenu critiqué au vitriol sur les réseaux sociaux par des dizaines de citoyens tchadiens qui reprochent en gros à l’actuel Premier ministre de Transition de «n’avoir pas condamné» les violences qui ont abouti à la mort violente de Yaya Dillo Djerou Betchi.

Yaya Dillo est membre de l’ethnie zagawa très prépondérante dans l’appareil sécuritaire au Tchad. Il était un cousin de l’actuelle famille présidentielle. Un de ses frères directs (Saleh Deby) avait démissionné ces derniers jours de l’appareil du MPS (parti au pouvoir au Tchad depuis 1990) et avait rejoint le PSF. Une démarche qui avait déjà enflammé les tensions politiques autour de la formation présidentielle au Tchad, à moins de deux mois de la présidentielle du 6 mai 2024.

Le décès violent de Dillo Djerou Betchi est interprété par plusieurs spécialistes de la politique tchadienne comme un signal lancé à tous les potentiels concurrents du parti MPS dans le cadre du scrutin présidentiel à venir. La mère et le fils de l’opposant Dillo Djerou Betchi avaient déjà trouvé la mort dans des conditions troubles et violentes il y a trois ans.