Human Rights Watch appelle à une enquête sur les atrocités commises contre les civils au Mali par l’armée et Wagner

L’ONG Human Rights Watch (HRW) a déclaré, jeudi, que les forces armées maliennes et les combattants étrangers du groupe Wagner ont illégalement tué et sommairement exécuté plusieurs dizaines de civils au cours d’opérations de contre-insurrection dans les régions du centre et du nord du Mali depuis décembre 2023.

«Non seulement le gouvernement militaire de transition du Mali, soutenu par la Russie, commet d’horribles abus, mais il cherche également à supprimer tout contrôle indépendant de sa situation en matière de droits humains», a déploré Ilaria Allegrozzi, chercheuse principale sur le Sahel à HRW.

Pour cette responsable, «les autorités maliennes devraient de toute urgence collaborer avec des experts indépendants pour surveiller les violations des droits humains et veiller à ce que les responsables rendent des comptes».

L’organisation HRW se base sur des témoignages recueillis lors d’entretiens téléphoniques, menés, entre le 1er janvier et le 7 mars, avec 31 personnes qui ont eu connaissance des incidents survenus dans le centre et le nord du Mali. Parmi ces personnes figuraient 20 témoins d’abus, ainsi que des dirigeants communautaires, des activistes, des représentants d’organisations internationales, des journalistes et des universitaires.

L’ONG dit avoir envoyé des lettres aux ministres maliens de la Justice et de la Défense, détaillant ses conclusions et sollicitant des informations sur les abus présumés, mais les autorités maliennes auraient brillé par leur silence.

Alors que la mission de maintien de la paix de l’ONU au Mali (MINUSMA) s’était retirée en décembre dernier à la demande des autorités militaires de transition du Mali, HRW alerte sur le fait que le mandat de l’Expert indépendant du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme au Mali, qui aide le gouvernement malien à promouvoir et protéger les droits humains, expire le 4 avril prochain.

L’organisation demande ainsi au Conseil des droits de l’homme de l’ONU de renouveler le mandat de l’expert indépendant et s’assurer que son bureau dispose des ressources nécessaires.